III.1.2. LES ÉTAPES DU CORTÈGE

MENU : 3.1.2. Les étapes du cortège

L'ENTRÉE ROYALE DE LOUIS XIV SOULIGNE LA CROISSANCE DU POUVOIR ROYAL EN PASSANT DEVANT LES INNOVATIONS DE SON GRAND-PÈRE ET PÈRE

Henri IV (1585-1610) fondateur de la dynastie des Bourbons et de la puis puissante monarchie d'Europe, crée une capitale d'où règne le pouvoir des rois. 

Henry IV entre à Paris le 24 mars 1594 de Francois Gérard / zoom

Il construit :

• La première rue droite parisienne (la rue de Birague).

• La première place royale (la place des Vosges).

• Le premier site conçu pour attirer la foule (le pont Neuf).

• La première statue profane, de lui-même à cheval, qui domine ce pont. 

Louis XIII, son fils (1610-1643) met fin à l'indépendance des protestants et étend son pouvoir sur les provinces poursuit la centralisation. Il donne le terrain pour une église dont l'architecture et le décor annoncent que le salut dépend de l'obéissance au roi (première pierre, 1626). 

Louis XIII recevant les clés de La Rochelle, anonyme, 17th century / zoom

Son fils, Louis XIV (1643-1715), le plus célèbre roi de France, créera...

 

 Le Doge de Gênes fait ses excuses à  Louis XIV le 15 mai 1685 de Claude-Guy Hallé, 1715 / zoom

• La façade et les cours du Louvre (déjà montrés, ici et ici). 

• Les Boulevards et les arches des portes Saint-Martin et Saint-Denis.

• L'ensemble qui culmine par le dôme des Invalides, conçu pour être son mausolée (à suivre). 

• L'espace qui commence au Louvre et se fond dans l'horizon. 

En bref

• La première rue droite de Paris et son premier point de mire  

• La place ancêtre de toutes 

• Les statues successives de la place des Vosges 

• Une église transforme la voie vers le salut

• Une statue pour un pont

• Le roi au centre de son peuple

• La percée qui joint palais et horizon

• Un arc qui trompette l'hégémonie

• Effets urbains de démolir l'enceinte

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Suite,

La première rue droite parisienne et son premier point de mire

LA PREMIÈRE RUE DROITE PARISIENNE ET SON PREMIER POINT DE MIRE

LA PREMIÈRE ÉTAPE DU CORTÈGE : UNE RUE COURTE ET DROITE QUI DIRIGE LE REGARD VERS UNE STATUE ÉQUESTRE DE ROI

Cette perspective conduit à la statue de Louis XIII. Pourquoi pas Henri IV, sous lequel la place a été construite ? Les énigmes sont souvent révélatrices : continuez. 

La rue Royale conduit à la place Royale (rue de Birague et place des Vosges) 

Cette première rue droite de Paris s'inspire de l'espace qui conduit aux tombeaux des rois à Saint-Denis, et son premier point de mire de leur mausolée.

La ligne droite symbolise la stabilité et l'ordre,

que les rois doivent garantir. 

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Suite,

La place ancêtre de toutes 

LA PLACE ANCÊTRE DE TOUTES

LA PLACE DES VOSGES, UN SYMBOLE DE ROYAUTÉ

Toute important place parisienne copie ou adapte son dessin, 

comme le font des villes de province et des capitales étrangères

 La place Royale en 1709 / zoom

À l'origine appelée place Royale, l'actuelle place des Vosges* est si aimablement grandiose que le New York Times** la choisit pour annoncer l'ouverture de l'Union Européenne après les confinements. 

*Le nom honore la première région à envoyer ses impôts au régime révolutionnaire (en 1791).

**Équivalent américain de « Le Monde »

Numéro du 26 avril, 2001

Jusqu'alors les rares espaces ouverts (marchés, cimetières, le vide devant l'Hotel de Ville) apparaissent spontanément. Cette place est la première étendue a être construite exprès.

(Début des travaux en 1605, inauguration en 1612)

Paris en 1530 / zoom

L'innovation se fait en périphérie avec son terrain disponible. Favorisant cette décision était un palais démoli (par la veuve de Henri II après qu'il y meurt (en 1559).

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Sont dessin symbolise la royauté affirmée

Le Carrousel à la place Royale en 1612 de Matthäus Merian / zoom

 Inauguration (en 1612)

• La première rue droite, en arrière plan, conduit au « pavilion du roi ».

Cette photo et la suivante, Carolyn Ristau

La rue de Birague 

Henri IV au dessus de la porte d'entrée (ajouté à la Restoration)

• Le symbolique de cette première place :

Zoom

• Un espace public vers lequel les rues convergent : le roi est au centre de tout.

• Des rues droites : le roi est garant de la stabilité et de l'ordre.

• Le façades homogènes : tous sont sujets du roi.

• Au centre un symbol de pouvoir : jusque la Révolution, une statue équestre du roi régnant.

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La place aura une statue qu'en 1643.

Continuez pour une explication de ce délai :

À suivre.

Détruite à la Révolution

et remplacée sous la Restauration, 

sa différence reflète le changement d'époque. 

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Suite,

Les statues successives de la place des Vosges

LES STATUES SUCCESSIVES DE LA PLACE DES VOSGES

D'UN VIGOUREUX SYMBOLE DE POUVOIR À UNE ŒUVRE 

QU'UN TRONC D'ARBRE STABILISE 

Le dernier cadeau de Richelieu au roi est la statue qui orne enfin la place Royale

(En 1643)

Zoom

Faite de bronze, elle sera fondue pour faire des canons, comme celles des quatre autres places.

(En août 1792) 

Zoom (déroulez la page) 

La statue actuelle date de la Restauration* : un tronc d'arbre empêche le cheval de s'effondrer 

*Le régime des frères de Louis XVI (1815-30), après la défaite de Napoléon

Louis XIII de Jean-Louis Cortot, années 1820

 

Le défi au sculpteur : le cheval doit lever un sabot sans s'écraser.

• Les œuvres de Jean-Pierre Cortot sont conventionnelles mais compétentes : celle-ci orne l'Arc de Triomphe.  

Zoom

• Le régime avait dépensé presque tout son budget pour la statue du pont Neuf (à suivre) et Cortot était obligé d'utiliser de la pierre plutôt que du bronze. Le poids plus lourd rendait le travail plus difficile.

 -- Philippe Schmitt-Kummerlee, Musée Carnavalet, communication personnelle 

• Un gouvernement qui n'offrait que « des messes et des bals masqués » (George Sand) à un public habitué à d'immenses victoires ou à de terribles défaites, a vite paru ennuyeux. Cortot aurait pu insister sur des fonds adéquats, ou refuser le travail : le tronc d'arbre fait penser qu'il l'a fait que pour l'argent.

 

# # #

Louis XVIII a dit de son rapport avec les Français, « Je suis comme les femmes qui ne sont pas très jolies, qu'on efforce d'aimer par devoir ».

-- Madame Royale de André Castelot, 1962 

Tandis que l'œuvre d'origine montre

une royauté en plein essor,

son remplacement reflète la « pâle monarchie »

en laquelle le roi lui-même 

ne croyait pas assez pour ériger un symbole convenable.

-- « Pale monarchie » :

 René Chateaubriand, Mémoires d'outre tombe (1848)

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Suite,

Une église transforme la voie vers le salut

UNE ÉGLISE TRANSFORME LA VOIE VERS LE SALUT

LA PROCHAINE ÉTAPE DU CORTÈGE : UNE ÉGLISE OÙ LE ROI REMPLACE JÉSUS

(SAINT-PAUL SAINT-LOUIS)

La rapidité de sa construction montre la priorité qu'on lui donne: Saint-Eustache, la dernière église « gothique » commencée

il y a presque un siècle, n'est pas finie quand on lance ce chantier.

(Saint-Eustache, 1532-1632 ; Saint-Louis, 1626-41 )

Adapté d'un plan de 1734 / zoom

Vers 1830 / zoom

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Ses liens avec la monarchie : 

• Louis XIII octroie le terrain et vient avec la reine écouter le premier sermon, prêché par Richelieu. 

• Les cœurs embaumés de Louis XIII et Louis XIV y sont abrités jusqu'à la Révolution.

• Louis XIII est représenté deux fois, ici et à l'entrée (déroulez la page) :

• Le nom : celui d'origine est « Saint-Louis ». Napoléon ajoute « Saint-Paul » pour atténuer le lien avec la monarchie.  

Tous les rois français descendent de Saint Louis, un avantage stupéfiant. Mais la dynastie précédente (celle des Valois) ne s'y réfère pas, car elle n'a pas la force d'assumer un tel ancêtre.

Les rois Bourbons s'appellent toujours « Louis ». Des femmes, des bâtards, des cousins, souvent aussi : Anne-Marie Louise, qui fait tirer sur les troupes royales ; Louis-Antoine, l'aîné des fils légitimés de Louis XIV ; les fils de Louis XVI, Louis-Joseph et Louis-Charles ; Louis-Philippe, le chef de la branche cadette, qu'en tant qu'usurpateur Chateaubriand n'appelle que Philippe.

Le chef des Bourbons d'Espagne aujourd'hui est Louis XX, ce qui l'empêche de résider en France. 

Un journaliste extrémiste de la Révolution française n'appelait pas Louis XVI « Louis Capet » (d'après les rois capétiens) mais « Gilles Capet ».

-- Jacques Hébert, 

cité dans Une Histoire de la Revolution française de Eric Hazan, 2012, p. 123

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L'église marque la fin du « gothique » et le début du baroque. Une comparaison avec Notre-Dame montre le lien entre le matériel et le message :

• Le voisinage : 

En se blottissant autour de la cathédrale, les maisons médiévales mettent l'église au cœur de la communauté. 

 Internet, image de synthèse 

Aligné sur la rue avec d'autres constructions, Saint-Louis est un bâtiment parmi d'autres. (L'espace modern devant l'édifice éloigne les voitures).

• L'Éternité : 

Pour voir Notre-Dame dans son ensemble on devait s'approcher de la façade et lever les yeux. Alors elle se dressait au dessus de la vie quotidienne, un rappel d'immortalité.

Pour ce faire à Saint-Louis, il fallait se mettre dans la rue au risque d'être écrasé.

 Zoom

Les vitraux médiévaux créent une lumière colorée qui se diffuse dans la pénombre, offrant un avant-goût de la vie éternelle. (L'impression était beaucoup plus puissante sans électricité). 

US Glass Magazine

Au XVIIe siècle, la lumière du jour met en valeur la grandeur mondaine. 

• La Résurrection : 

L'entrée aux églises gothiques est à l'ouest, le chevet (le sanctuaire) à l'est ; on passe du soleil couchant et la mort au soleil levant et la résurrection. 

Saint-Louis fait face au nord.

• Le ciel ou la terre ? 

Les flèches et le tours gothiques se lancent vers le ciel. 

Claude Abron

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Les dômes baroques joignent le ciel à la terre.

• Le Jugement Dernier et le salut :

Le Jugement Dernier est sculpté au dessus du portail principal des églises gothiques et des multitudes, à l'origine peintes en couleurs vives, entourent Jésus. Tous sont invités à entrer et à être sauvés. 

 Internet, photographe non nommé

Les fresques continuent l'impression d'un peuple.

       Basilica di Santa Caterina d'Alessandria à Galatina, Italie / Ramsay Casadesus Rawson

Quelques colonnes et quelques saints ornent les façades baroques, et quelques tableaux leurs intérieurs, mais l'austérité soutient le pouvoir. Le roi est au sommet.

Carolyn Ristau

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Cette église ne concerne pas Jésus, mais le roi

• Louis IX / Saint Louis (XIIIe siècle) est seul au sommet, et porte une couronne, pas une auréole

• Ce tableau de Louis XIII est immédiatement visible en entrant dans la nef. Le crucifix et la Couronne d'épines devant lesquels il s'agenouille sont presque invisibles. 

 

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Pour les rois eux-mêmes, la proximité de Dieu conduit à la désolation

Louis XIV trouvait ce rôle « délicieux », mais son père et ses successeurs en étaient submergés.   

Louis XIII se croyait complètement au dessous de la tâche, ce qui a contribué à son bégaiement et à sa mauvaise santé. Louis XV détestait l'existence publique qu'elle imposait et en s'y dérobant contribua au déclin de la monarchie. La bibliothèque de Louis XVI montre sa vocation de scientifique.

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Saint-Louis adopte le style de la Contre-Réforme à Rome, créant le modèle pour les autres églises parisiennes de l'époque

Il Gésu, la maison mère des églises jésuites / zoom 

La première église baroque à Rome, commencée en 1574

 

      Saint-Thomas d'Aquin, première pierre 1632 ; Saint-Roch, 1653; Saint-Sulpice,1646

Sans éternité, sans Jugement Dernier,
avec un crucifix presque invisible

et un monarque à la place de Jésus,

l'église annonce que l'obéissance au roi

est essentiel au salut.

Elle et ses suites expriment l'esprit autoritaire

d'une monarchie de plus en plus puissante et

« L'Alliance du Trône et de l'Autel ».

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Suite,

Une statue pour un pont