vendredi 15 avril 2016

RÉVOLTE À LA BASTILLE


LA FORTERESSE RAPPELLE LE DERNIER EXPLOIT DE REBELLES NOBLES PENDANT « LA FRONDE » *
(La guerre civile de 1648 – 1653)

* Son nom vient de garçons brisant les vitres du carrosse du Premier Ministre avec leurs frondes : « Venez fronder avec nous » dit-on ensuite 
-- La Fronde de Orest Ranum, 1993 

La cousine de Louis XIV commande aux canonniers de la Bastille de tirer sur les troupes royales pour les empêcher de prendre Paris 

Maurice Leloir dans Le Roy Soleil de Gustave Toudouze, 1931

Les adversaires d'une monarchie plus musclée étaient surtout des oligarchs inquiets de turbulences populaires dues aux impôts ou opposés à la diminution de leurs pouvoirs, des châtelains accusés de ne pas maîtriser les paysans révoltés et des nobles engagés dans leurs propres intrigues.
-- Les Frondeurs, « Les Parisiens du XVIIe siècle » de Oreste Ranum, 1973 et Wikipedia

Un exemple de la souffrance des pauvres : une mère et deux bambins mort de faim sur le pont Neuf (mentionné dans un récit dont je n'ai plus la référence). 

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Paris est au mains des frondeurs et le roi souhaite reprendre la ville.

La cannonade commandée par Anne-Marie Louise d'Orléans,
duchesse de Montpensierpetite-fille de Henri IV et cousine germaine de Louis XIV, l'arrête temporairement. 

Son récit :

« ...je me promenais longtemps sur les tours [de la Bastille]et je fis changer le canon [pour qu'il soit dirigé vers le faubourg]. Je regardais avec un lunette d'approche : je vis beaucoup de monde sur la hauteur de Charonne et même des carrosses ; ce qui m'a fait penser que c'était le roi [...]. Je vis aussi toute l'armée ennemie dans le fond, vers Bagnolet [...]. L'on voyait les généraux sans connaître leurs visages ; mais on les reconnaissaient par leurs suites [...] 

Je vis comme ils partageaient leur cavalerie pour nous couper entre le faubourg et le fossé, les uns du côté Popincourt et les autres par Reuilly... »

Adapté d'un plan de 1615

Les lieux aperçus par la longue vue.

« Les troupes [...] avancèrent près de la ville ; mais l'on tira de la Bastille deux ou trois volées de canon, comme je l'avais ordonné [...]. Cela leur fit peur, ayant emporté un rang de cavaliers ; sans cela toute l'infanterie étrangère, la gendarmerie et quelque cavalerie [l'arrière-garde rebelle]auraient été défaites [...].


Combat de deux cavaliers sous les murs de la Bastille, anonyme, XVIIe siècle / zoom

Quand je songeai le soir, et toutes les fois que j'y songe encore, que j'avais sauvé cette armée, j'avoue que ce m'était une grande satisfaction [...] La joie que je sentais d'avoir rendu un service au parti si considérable et d'avoir fait une chose si peu ordinaire, et qui n'est peut-être jamais arrivée à une personne de ma condition, m'empêcha de faire les réflexions qui peuvent se faire maintenant la dessus et qui auraient pu troubler ma joie [elle évoque des morts]» 
-- La grande Mademoiselle, Mémoires, préface Christian Bouyer, I, p. 234

Un mois plus tard
la noblesse est définitivement vaincue.
Commencer le défilé à la Bastille
rappelle la différence d'époque

Tous ceux qui avaient vu passer, le jour de la bataille de Saint-Antoine, rapporter à Paris alors garnie d'une herse, les corps morts ou mourants de tant de citoyens, et qui voyaient cette entrée si différente, bénissaient le ciel, et rendaient grâces d'un si heureux changement.
-- Le Siècle de Louis XIV de Voltaire, ed. 2015, p. 402

La monarchie sera incontestée
jusqu'à la Révolution.

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Suite,




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