Portrait au Musée Carnavalet
En se faisant peindre en personnage de l'Antiquité Marie Louise d'Orleans se montre d'essence supérieure et comme guerrière, prévoyait son rôle pendant la Fronde.
Les adversaires du Premier Ministre centralisateur (le Cardinal Mazarin) étaient des parlementaires, des magistrats et des nobles féodaux opposés à l'essor du pouvoir royal.
Les nobles inséraient leurs intrigues personnelles à la lutte de cinq ans, et « La Fronde »* a paru frivole. Mais des récits mentionnent une mère et deux enfants morts de faim au pont Neuf, la reine d'Angleterre a gardé le lit** à cause du froid et le petit Louis XIV dormait dans des draps troués.
*Quand des gamins brisèrent les vitres du carrosse de Mazarin avec leurs frondes « Venez fronder avec nous » est devenu le slogan.
-- La Fronde par Orest Ranum, 1993
**Veuve de Charles I et tante de Louis XIV, elle s'était réfugiée à Paris.
La lutte mit fin à l'indépendance des nobles.
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Quand les troupes de Louis XIV étaient sur le point de prendre la Bastille et d'entrer dans Paris, Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier et cousine germaine de Louis XIV, commanda aux canonniers de la forteresse de les bombarder :
(Le 22 juin 1652)
Son récit :
« ...je me promenais longtemps sur les tours [de la Bastille] et je fis changer le canon [pour qu'il soit dirigé vers le faubourg]. Je regardais avec un lunette d'approche : je vis beaucoup de monde sur la hauteur de Charonne et même des carrosses ; ce qui m'a fait penser que c'était le roi [...]. Je vis aussi toute l'armée ennemie dans le fond, vers Bagnolet [...]. L'on voyait les généraux sans connaître leurs visages ; mais on les reconnaissaient par leurs suites [...]
Je vis comme ils partageaient leur cavalerie pour nous couper entre le faubourg et le fossé, les uns du côté Popincourt et les autres par Reuilly... »
Adapté d'un plan de 1615
Les lieux aperçus par la longue vue.
« Les troupes [...] avancèrent près de la ville ; mais l'on tira de la Bastille deux ou trois volées de canon, comme je l'avais ordonné [...]. Cela leur fit peur, ayant emporté un rang de cavaliers ; sans cela toute l'infanterie étrangère, la gendarmerie et quelque cavalerie [l'arrière-garde rebelle]auraient été défaites [...]. »
Combat sous les murs de la Bastille, anonyme, XVIIe siècle / zoom
« Quand je songeai le soir, et toutes les fois que j'y songe encore, que j'avais sauvé cette armée, j'avoue que ce m'était une grande satisfaction [...] La joie que je sentais d'avoir rendu un service au parti si considérable et d'avoir fait une chose si peu ordinaire, et qui n'est peut-être jamais arrivée à une personne de ma condition, m'empêcha de faire les réflexions qui peuvent se faire maintenant la dessus et qui auraient pu troubler ma joie [elle évoque des morts]. »
-- La grande Mademoiselle, Mémoires, préface Christian Bouyer, I, p. 234
« Tous ceux qui avaient vu passer, le jour de la bataille de Saint-Antoine, rapporter à Paris alors garnie d'une herse, les corps morts ou mourants de tant de citoyens, et qui voyaient cette entrée si différente, bénissaient le ciel, et rendaient grâces d'un si heureux changement. »
-- Le Siècle de Louis XIV de Voltaire, ed. 2015, p. 402
Un mois plus tard la noblesse fut vaincue à jamais :
Commencer le défilé à la Bastille
rappelle ce sang de cygne.
La monarchie sera incontestée
jusqu'à la Révolution.
* * *
Suite,
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