samedi 30 août 2014

IV.3.1.c. CARNAGE

MENU : 4.3.1.c. Carnage

« LA SEMAINE SANGLANTE » :
LE PIRE MASSACRE EUROPÉEN 
DU XIXe SIÈCLE 
(LES 21-28 MAI, 1871)

Guerre civile par Édouard Manet, 1871 / zoom
Le titre du dessin est générique. Mais l'église en arrière plan est la Madeleine, le vestige de la barricade est emblématique de Paris et le cadavre, qui tient un chiffon blanc, porte l'uniforme des gardes. 

En bref
  • Un combat de pauvres
  • Le massacre des misérables 
  • Survivre en sympathisant avec l'ennemi 
  • « Faits alternatifs » et premières photos de propagande 
  • L'oubli des martyrs catholiques 
  • Le destin d'un peintre politique
  • Des soldats dont les officiers se méfient
  • La responsabilité des officiers
  • Les adversaires
  • Suites parisiennes
 *     *     *

Suite,










jeudi 28 août 2014

UN COMBAT DE PAUVRES


« J'ÉTAIS JADIS UN PETIT EMPLOYÉ DE MAIRIE.
ON M'Y AIT VU ÉCRASER DES LARMES...

quand le nouveau-né était apporté dans une blouse
qu'avait enlevé de ses épaules le père misérable, 
grelottant sous le froid de l'hiver. 

J'en avait connu qui en moururent, 
et j'étais allé à leur enterrement. 
On se l'est rappelé, dix ans après. » 

Jules Vallès est élu député. 

# # #

Des misérables :
« Beaucoup d'hommes faisaient peur à voir :
petits, décharnés, déformés... 
ils se battaient pour que leurs enfants
soient moins chétifs, moins décharnés, 
moins vicieux... » 
-- Louis Rossel, * cité par Pierre Milza, La Commune, 2009

* Le seul officier de l'armée régulière à rejoindre La Commune espérait qu'elle continuerait le combat avec la Prusse. Versailles le fera fusillé. Il avait 27 ans.

L'Appel par André Devambez, 1907,  zoomMusée d'art et d'histoire de Saint-Denis / non exposé



Des femmes 

Trois pétroleuses :Marchais, Suetens et Rétiffe par Daniel Vierge, 1871,
Carnavalet / non exposé :  publié et commenté dans Ma Commune de Paris


Louise Michel, la vierge route de la Commune, raconté par Alain Decaux, 2019


     The barricade of place Blanche defended by women (cut), artist and date unknown /zoom
Musée Carnavalet, not exhibited
Le mythe que toutes aient été tuées montre le respect des hommes.

À une autre occasion : « ...drapeau rouge déployé, venaient nous retrouver une vingtaine de femmes parmi lesquelles... » [leurs noms suivent]. Et encore : « elles pensaient les blessés sur le champ de bataille et souvent ramassèrent le fusil d'un mort. »
-- Louise Michel
Des « enfants perdus » 

Prisonniers à Versailles
 -- Les enfants perdus de la Commune
  
« ...V. Thiebaut, âgé de quatorze ans, accourait à travers le balles donner à boire aux défenseurs. Les balles ayant forcé les fédérés à se replier, ils allaient sacrifier les vivres du bataillon lorsque l'enfant se précipite malgré les obus sur une pièce de vin qu'il défonce en criant, 'Ils ne ne boiront toujours pas notre vin!' Au même instant, saisissant la carabine d'un fédéré qui vient de tomber, il la charge... »
-- Lissagary, Appendice V, un récit qu'il dit pris au hasard.


   Un mariage sous la Commune par Félix Guerie, Musée de Saint-Denis / zoom

Ils transmettent des messages, construisent des barricades, portent des obus et bien que la plupart des bataillons ne prennent pas de jeunes de moins de dix-sept ans, Louise Michel inclut des garçons beaucoup plus jeunes parmi ses compagnons d'armes. 

Beaucoup sont orphelins, obligés de se débrouiller. Leurs origines et leur comportement sont les mêmes que ceux des gardes mobiles, mais leur encadrement et donc leur philosophie sont très différents. 


Cet encadrement est une raison pour le peu de crimes pendant la Commune.

# # #

Les 100,000 prisonniers
que Bismarck renvoie
composent une force écrasante

Avenue de Paris, Versailles / zoom
La plus vaste avenue du monde : que l'armée la remplisse donne une idée de son nombre.  

L'armée fait son entrée
par une porte sur la route de Versailles,
où les habitants aisés l'accueil avec joie :
Remarquez le couple bien habillé 
 

« Le 24 mai 1871 l'armée réunie à Versailles  parvient après un siège en règle à entrer dan Paris ; La population manifeste sa joie et fait à nos soldats l'accueil le plus sympathique. L'insurrection est vaincue et les coupables qui ont sacrifié les Otages [à suivre] et incendié la capitale, sont punis de leurs crimes. »

« Tout au long des Boulevards...

des foules de gens bien habillés sortirent pour accueillir les troupes aux pantalons rouges. Ils applaudissaient. Ils avaient l'air d'être à l'Opéra et criaient : 'Bravo ! ' comme si une bataille avait été gagnée. Au dessus des soldats qui marchaient, des pièces de monnaie étaient lancés des fenêtres et sonnaient en arrivant sur les trottoirs. Dans cette partie de Paris, les pavés étaient restés sans bouger sur les chaussées. Les gens ne s'étaient pas soulevés, attendant d'être sauvés, jouant aux cartes pour passer le temps. Aussitôt qu'ils ont su que la situation était sûre, ils se sont rués dehors, des bouteilles de vin à la main. Les beaux messieurs se tenaient debout, souriants, pendant que les bras de leurs femmes s'ouvraient, couvrant les cous suintants de soie  et de satin, envoyant des baisers à la volée vers les képis. »
-- Les Feux de la liberté ( « Liberty's Fire » ), trad. Jean-Pierre Sutra


Après un détour pour
punir les rebelles de Montmartre
elle se dirige vers l'est...


Marche des troupes Versaillaises, 21-22 mai / zoom

La prise d'une barricade par Daniel Vierge, reproduite dans l'Humanité

...où les territoires sont
 « les épouvantails des gens de l'ordre ».
-- Louise Michel

*     *     *











samedi 16 août 2014

LE MASSACRE DES MISÉRABLES


LA BARBARIE DE L'ARMÉE
COMMENCE IMMÉDIATEMENT
(LE 3 AVRIL)

Les communards tentent d'attaquer Versailles,
les bombardent après que le commandant 
promet de ne pas tirer

Épuisé et séparé de ses troupes,
le chef communard Gustave Flourens
se réfugie dans une auberge. 
Dénoncé, il sort sans arme...

« Un capitaine de gendarmerie fend le crâne
du désarmé avec une telle force 
qu'il lui fait deux épaulettes,
dit un gendarme qui avait le mot jovial »
-- Lissagary
-- La biographie de Flourens, Le Chevalier rouge, (1987, ebook en pdf)
 
Raspu'team
Les soldats emmènent son cadavre à Versailles dans un wagon de fumier. Le tueur deviendra un juge et obtiendra la Légion d'Honneur.  

Versailles considère les communards
des criminels envers lesquels les règles
concernant les prisonniers de guerre
ne s'appliquent pas
 

Auteur inconnu / zoom
La barricade de la place Vendôme, à quelques pas

  •  « Le bruit court que des furies jettent du pétrole enflammé dans les caves. Toute femme mal vêtue peut être traînée contre le mur le plus proche, on l'y tue à coups de revolver »
-- Lissagary

Types de la Commune par Lefman, 1885, zoom

 

  • On poursuit des gardes jusqu'aux dans les catacombes « avec des chiens et des flambeaux »
-- Louise Michel

Combat dans les catacombs / Internet, disparu ; Musée Carnavalet, non exposé
Des soldats perdus dans le labyrinthe pensent mourir jusqu'un prisonnier les guide à une sortie. Ils lui laissent la vie mais n'en disent rien : « leurs maîtres les eussent punis de mort ».
-- Louise Michel

  • Des estimations des fusillades allant de 7,000 à 40,000 personnes sont impossibles à vérifier, des cadavres étant jetés dans des fosses ou dans la Seine, ou empilés et brûlés. Elles n'incluent pas les morts de leurs blessures, dans les prisons ou en déportation

Illustration, Internet
 « Enlèvement des cadavres par des passants, requis à cet effet après l'action. »


Adolphe Eugène Disderi, le photographe de l'Empereur  Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis

-- Profs d'histoire lycée Claude Louis, please click and scroll down

Une ville surréaliste

  • Des pots de fleurs couronnent les barricades et par le splendide temps de mai des femmes apportent de quoi y pique niquer.

  • Les cafés et les restaurants restent ouverts : quand le combat est intense, « Il n'y a guère le temps pour une tournée aux zinc ».
-- Les deux remarques, Vallès

Bientôt... 

« L'odeur de cette immense sépulture 
attirait sur la ville morte  
l'essaim horrible des mouches des charniers ;
les vainqueurs craignant la peste
 suspendirent les exécutions. »

-- Louise Michel

• Des souvenirs racontés à Hemingway
un demi-siècle plus tard

« Ils étaient des descendants des communards... ils savaient qui avait fusillé leurs pères, leurs frères et leurs amis quand les troupes versaillaises prirent la ville après la Commune et exécutèrent toute personne avec des mains endurcies qu'ils pouvaient attraper... » 
-- Les neiges du Kilmanjaro
Hemingway, un des Américains venus à Paris dans les années 1920,
vivait à la rue du Cardinal Lemoine dans le 5e, alors misérable.
   
Examen des mains de prisonniers fédérés à Belleville / Internet, plus d'informations illigibles

Éxecution sommaire d'insurgents rue  ... [illegible
] le 25 mai /  Internet, plus informations illegibles

« On compte ceux qui meurent 

mais d'un côté seulement ;
de l'autre on ne compte pas, 
on ne pourrait pas. »

-- Louise Michel

*     *     *

Suite,







mardi 12 août 2014

SURVIVRE EN SYMPATHISANT AVEC L'ENNEMI

 

ÉCHAPPENT PAR PUR HASARD
ET EN BUVANT OU DÉJEUNANT
AVEC L'ADVERSAIRE,
LES SONS DE COMBAT OU DE FUSILLADE
EN ARRIÈRE FOND 


Portrait de Jules Vallès par Gustave Courbet vers 1861 / zoom

Vallès est sauvé quand une cantinière
elle héberge des blessés, 
pour qu'il se dise médecin
les emmenant à l'hôpital. 

Un officier refuse de lui laisser
en emporter d'autres disant 
qu'il ne prend pas de prisonniers,
mais qu'il peut enlever 
des cadavres pestilentiels.

Il l'invite au café
et pour maintenir son alibi,
Vallès accepte de sabler le champagne. 

# # #

Vuillaume fait la queue 
dans la cour du Luxembourg,
attendant d'être fusillé

  • On emmenait les prisonniers par cette sortie... 


  • ...pour être fusillés devant cette balustrade
 Zoom  (à dérouler)
Exécution en mass des féderés prisonniers [les insurgents] dans les jardins du Luxembourg
 

 

Vuillaume est jeune et bien habillé : 
Un officier de son âge le remarque et déclare, 
« Je vais dire que vous êtes mon cousin ».

Relâché, il invite l'officier à déjeuner,  
les décharges du peloton d'exécution
en accompagnement,
et finit par admettre qu'il est un éditeur 
du journal communard Le Père Duquesne  

Et dire que je suis sensée reconnaître ce crapaud !  

   
L'officier le protège pour plusieurs jours,
jusque cela devienne trop dangereux.
(Vuillaume finit par glisser hors la ville.)

Des décennies plus tard,
il raconte l'histoire 


# # #

Ce restaurant fait face aux jardins.
Les cuisines ne s'improvisent pas,
et après être passé par de nombreuse mains,
il se peut que celui-ci soit le même



Un soir j'ai l'ai vu toujours ouvert.
Il n'y avait plus de clients,
mais un petit groupes d'hommes
discutaient au bar 



« Je sais que c'est tard,
mais puis-je vous poser une question ? »
ai-je dit.
« Savez-vous depuis combien de temps
un restaurant est sur cet emplacement ? »

Ils ne savaient pas 
mais quand je leur ai expliqué
la raison pour ma question
et leur ai raconté l'histoire 
de Vuillaume et de l'officier...




Ils ont écouté avec intérêt
ils ont posé pour cette photo. 

*     *    *

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