jeudi 7 août 2014

DES SOLDATS DONT LES OFFICIERS SE MEFIENT


LE REFUS DES TROUPES DE SUIVRE DES ORDRES ÉTAIT 
SANS PRÉCÉDENT EN FRANCE

« Les conscrits intégrés dans des unités qui comptaient aussi des engagés et qui étaient solidement encadrés n'ont jamais, à ma connaissance, désobéi aux ordres ou mis crosse en l'air avant le 18 mars 1871. »
-- Marc Ambrose-Rendu,
historien militaire, communication personnelle

Contexte, la démoralisation due à la défaite et les contacts avec des Parisiens pendant le siège :

La nouvelle Babylone 

  • Les soldats sont souvent des paysans méfiants de gens de la ville mais logés chez des Parisiens, ils viennent à les apprécier, personnellement et pour leur patriotisme intense.
  • S'ils vivent dans des casernes non chauffées ou campent dans les parcs, ils sont reconnaissants pour les cadeaux de soupe et de couvertures donnés par des gens qui souffrent aussi.

 « Je ne veux plus me battre ! Je veux rentrer à mon village ! » 

L'héroïne, une ouvrière, donne du lait à l'héro, un soldat versaillais qui est démoralisé et a faim : le film est fidèle aux sources — avec une exception, à suivre.

Ces expériences expliquent pourquoi les soldats qui protègent les canons laissent les gardes s'en emparer, sans parler de ceux qui se joignent à eux pour saisir des armes dans des dépôts.

De plus, l'armée doit combler les pertes d'officiers en puisant dans les rangs : ces promus doivent souvent partager les opinions des hommes.


« Une explosion semble inévitable »dit Trochu à Thiers, le prévenant contre l'emploi de soldats ayant vécus à Paris.

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Le matin du 18 mars des troupes venues de l'extérieure, réputées fiables, s'assemblent à la place de la Concorde...

Jules Andrieu (qui deviendra Chef du Personnel Administratif pendant La Commune), suit un tambour qui « battait sans conviction [...], qui s'arrête devant un groupe sur les Champs-Élysées, parle avec eux, hausse les épaules et « se remit à battre avec moins de conviction encore. »
-- Jules Andrieu, Notes pour servir à l'histoire de la Commune de Paris de 1871, 
« Le Matin du 18 mars 1871 »

Les soldats qui refusent de tirer sont envoyés en Algérie et les autorités n'ont aucune confiance en ceux qui restent. Bismarck
libère 100,000 prisonniers pour reconstituer l'arméemais les officiers restent prudents.

Ces troupes ne savent rien des événements à Paris, et sont isolés à leur retour. Mieux payés, mieux nourris, beaucoup mieux fournis en vin et en eau de vie, ils sont assujettis à une propagande intense. 

Mais des documents de police montrent qu'elle n'est pas entièrement efficace. 
-- Tombs, La Guerre contre Paris  

À Narbonne des soldats refusent de réprimer une insurrection inspirée par la Commune. Des Algériens les remplacent.  

Les officiers demandent aux conscrits le moins possible

  • Malgré sa force infiniment supérieure, l'armée prend une semaine entière pour conquérir Paris.
  • Des troupes qui en deux jours n'ont fait que marcher trois kilomètres et garder des prisonniers, sont trop « fatigués » pour combattre.
 -- Rapport militaire, cité par Tombs 

  • Les pertes de l'armée pour les quatre jours de combats en Juin sont estimés à 1460. Celles des sept jours de la Semaine sanglante, de 800, sont minimes en comparaison.   
-- Pierre Milza, La Commune   
Beaucoup de communards croient que des conscrits ne se
battront pas contre eux...

Dessin d'époque / Internet, sans source
Pensez aux images du soldat qui fume et laisse faire.

...et au lendemain des combats ils boivent amicalement dans les cafés « avec des gens contre lesquels ils auraient pu combattre ».
-- Le général Cissey au Commandant-en-Chef MacMahon le 29 mai, cité par Tombs

Les déserteurs :
La mention régulière de leurs condamnations à mort
les montre nombreux.

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Suite,



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