L'ABSENCE D'UN ESPACE POUR ISOLER LES TROUPES
DÉCLENCHE LE DRAME QUI CONDUIT À LA COMMUNE
Laisser soldats et résidents se mêler était un « grand tort » dit le détesté général Aurelle de Paladine, comme si sans espace séparé y avait eu un choix.
« Les Canons de la Garde nationale sur la butte Montmartre », dessin d'époque /
Internet, source non nommée
« Femmes et enfants se mêlaient à la troupe, criant, "Ne tirez pas sur le peuple !" et "Vive la ligne !" Elle se trouva enveloppée et n'eut pas la force de résister à ces sortes d'ovations. »
-- Enquête parlementaire sur l'insurrection du 18 mars 1871,
cité par Edith Thomas dans l'intéressante étude, Les Pétroleuses (1963)« Ces canons sont à nous » !
Les généraux ne tiennent pas conte des conscrits bien qu'ils savent le loyauté incertaine :
- On ne pense pas à offrir du café à des troupes réveillées en pleine nuit et envoyés par surprise dans le froid glacial, et il n'y a pas de provisions à l'arrivée.
- La longue attente des chevaux conduit au contact avec des femmes venues de bonne heure au marché.
- Les harnais pour tirer les canons sont oubliés. Les soldats commencent à les tirer eux-mêmes, se sentant traités comme des animaux.
... On s'est glissé parmi les soldats. Vous vous rendez compte qu'on leur avait même pas donné du café, à ces pauvres petiots, avant de nous les envoyer ! Alors nous, on leur a porté à manger et à boire [...] Quand leur général leur a dit de tirer sur nous, ils ont vite fait d'écouter plutôt le sous-officier qui leur disait de mettre crosse en l'air ! »
-- Une résidente de Montmartre
citée dans Ma Commune de Paris, le 18 mars 1871
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L'explosion
- Le commandant, Claude Lecomte, refuse de faire emmener le garde blessé à l'hôpital en bas de la butte : un médecin fait ce qu'il peut, mais la victime reste à la vue de tous.
La Vierge rouge, narrateur Alain Decaux, YouTube, 2019
- Des hommes appellent les soldats « frères ». Des jeunes filles lancent des œillades. Un à un les conscrits rejoignent les résidents, aux applaudissements de la foule.
-- Louise Michel
- Lecomte commande de tirer sur la foule — trois fois ! — et dit qu'il fusillera tout soldat qui s'allie avec « cette vermine » :
- Un officier subalterne * crie aux soldats, « Ne tirez pas sur d'autres français ! Levez vos crosses en l'air ! »
* Il s'appelle Verdaguerre et Versailles le fera fusillé.
- Les Montmartrois ne connaissent pas Lecomte, et pour le moment rien lui arrive : « La foule était là, compacte, bruyante, mais toutefois ne montrait aucune hostilité ; le général avait pu déjeuner tranquillement avec quelques-uns de ses officiers... »
-- Témoignage dans Ma Commune de Paris (deroulez la page)
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« Le 18 mars devait appartenir à l'étranger,
allié des rois, ou au peuple.
Il appartint au peuple. »
allié des rois, ou au peuple.
Il appartint au peuple. »
-- Louise Michel
Suite, Un général inconscient se lance dans l'arène |
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