dimanche 10 août 2014

LENDEMAIN DE VICTOIRE AU QUARTIER LATIN


« LE 25 MAI À SEPT HEURES DU MATIN,RÉCIT DE MAXIME VUILLAUME

*Le 24 au soir il se réfugie dans un hôtel près du Jardin des Plantes (à l'est du quartier Latin). À l'aube on entre en criant, « 'Les Versaillais sont ici. Nous sommes cernés.' Il faut descendre, fuir n'importe où, mais fuir vite [...] ». Il réussit a quitter l'hôtel et part vers le quartier Latin.

« Rues défoncées, maisons écorchées par des obus et des balles, pavés noirs ou rouges, noirs de poudre, rouges de sang, trottoirs semés de mille choses jetées par les fenêtres. Il faut se hâter de se débarrasser de tout que pourrait rappeler, aux yeux des perquisitionneurs, que l'on a touché, de prés ou de loin, à la Commune. »


  • « De la petite rue qui longe la bibliothèque Sainte-Geneviève débouche un détachement de lignards. Une cinquantaine de prisonniers au milieu d'eux. Des femmes suivent. »

Des étudiants célèbrent leur promotion à la rue d'à côté. 


  • À la place du Panthéon: « Debout, devant un pilier de la mairie... »

Pour une fusillade sur les marches de l'édifice, cliquez et déroulez la page.

«...deux officiers lisent une affiche de Delescluze,* appelant le peuple aux armes. Je suis assez près du groupe pour la reconnaître. Je voudrais m'avancer encore, entendre ce qu'ils disent. Mais je recule d'horreur. Dans l'encoignure, qui se retrouve devant moi, une demi-douzaine de cadavres, dont l'un, replié sur lui-même, montre sa tête affreusement ouverte, sanglante et vidée. » [...] 

*Un chef de la Commune, mort le jour précédant aux barricades

  • « Sur les marches du Panthéon, des soldats. Sur la place, des soldats encore. Au milieu, un marin qui crie et chante en brandissant je ne sais quoi dans son bras levé. Il me semble que c'est un corsage déchiré de femme [...] ».

Vuillaume descend la rue (la rue Soufflot)

  • « Rue Saint-Jacques [...] le cadavre d'un vieux à barbe blanche, encore vêtu de sa vareuse de fédéré. [...] Ses jambes étendues sont rouges de sang. »


  • « Je redescends vers le boulevard... 

Le boulevard Saint-Michel est à droite de Burger King
 
  • ...Il est tout pavoisé de drapeaux. Déjà, à cette heure matinale — sept heures — les cafés regorgent de consommateurs, officiers et civils, parlant haut, le visage allumé. »

« La chaussée déborde de militaires de toutes armes. Rue des Écoles, beaucoup de monde devant un terrain vague où s'élève maintenant la nouvelle Sorbonne. J'ai su plus tard qu'on y fusillait.


Je croise un fourgon qui marche au pas. La porte d'arrière est ouverte. Il est plein de cadavres.

Rue Racine

Au coin de la rue Racine et de la rue de l'École-de-Médecine, les deux barricades qui défendaient l'entrée du boulevard Saint-Michel sont éventrés.

Au fond du fossé une mitrailleuse a roulé, écrasant un cheval blanc blessé, dont on voir l'échine sanglante. Sous cette ruine, le cadavre d'un fédéré d'une taille géante, la face aplatie sous la roue de l'affut. »

  • « Les trottoirs sont jonchés de feuillages et de branches, coupés nette par les projectiles. Partout du sang en larges flaques, des uniformes abandonnés, des tas d'armes brisées. »


« Fermant la place Saint-Michel, à hauteur de la fontaine, la barricade défendue la veille par la 248e. Au fond du fossé, étendus, la face saignante et boueuse, une dizaine de cadavres. Entre leurs lèvres glacées  par la mort, on a planté des goulots de bouteilles, des pipes culottées [...]. »


  • Les estafettes se succèdent à tout instant, filant à grand galop de leur monture. Un fusilier marin passe à cheval, le fusil en travers de la selle, portant, accroché à sa ceinture, un képi de commandant fédéré, au quadruple galon d'argent. [...] »

Des policiers à cheval traversent le pont.

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La fontaine Saint-Michel célèbre une répression quinze ans plus tôt...

 
L'AN MCMXLIV (1944)

DU 19 AU 25 AOÛT APRÈS CINQUANT MOIS D'OCCUPATION ALLEMANDE ET PEUPLE DE PARIS À L'APPROCHE DES ARMÉES LIBÉRATRICES SE SOULEVA CONTRE L'OPPRESSION

...également effacée.

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