mardi 12 août 2014

SURVIVRE EN SYMPATHISANT AVEC L'ENNEMI

 

JULES VALLÈS ET MAXIME VUILLAUME ÉCHAPPENT PAR PUR HASARD ET EN BUVANT AVEC L'ADVERSAIRE, LES SONS DE COMBAT OU DE FUSILLADE EN ARRIÈRE FOND

Vallès est sauvé quand une cantinière lui offre le wagon dans lequel elle héberge des blessés, pour qu'il se dise médecin les emmenant à l'hôpital. 

Portait de Jules Vallès de Courbet, vers 1861


  • Un officier dit qu'il ne prend pas de prisonniers, mais qu'il peut enlever des cadavres pestilentiels.
  • Il l'invite au café et pour maintenir son alibi, Vallès accepte de sabler le champagne.
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Une journée à la cour martiale du Luxembourg, le premier cahier de « Mes Cahiers rouges (Mémoires de la Commune », un classique. J'ai raccourci ce récit d'une trentaine de pages, omettant la description des heures dans la cour martiale, l'ami qui accompagnait Vuillaume et un deuxième policier. 


Vuillaume fait la queue dans la cour du Luxembourg, attendant d'être fusillé :

  • On emmenait les prisonniers par cette sortie... 


  • ...pour être fusillés devant cette balustrade :
 Zoom  (à dérouler)
Exécution en masse des fédérés prisonniers [les insurgents] dans les jardins du Luxembourg
 


Vuillaume est jeune et bien habillé : un officier de son âge le remarque et déclare, « Je vais dire que vous êtes mon cousin ». Il persuade l'officier de laisser partir Vuillaume.

  • Ils quittent le Luxembourg ensemble. 

Pas un officier, pas un des civils qui faisaient en ces jours odieux le hideux et gratuit métier de pourvoyeur des cours martiales, se détourna pour savoir où nous allions.

Deux minutes après avoir quitte la "queue" des condamnés, nous étions sur le trottoir de la rue...

Dame ! que voulez vous ! [...] Ce que nous avons pincé cette nuit, et aujourd'hui. Dame ! Tout de même, qu'auraient dit vos parents, quand ils auraient appris ça ? [...]

Cet homme, qui surement, avait conduit à la cour martiale, à l'abattoir, des centaines d'inconnus, sans une interrogation à sa conscience, s'apitoyait, pleurait presque sur le sort de deux jeunes gens qu'il ne connaissaient ni d'Eve ni d'Adam, parents, il le croyait du moins, d'un sergeant dont il ne savait même pas le nom.

On entendit une décharge derrière les grilles.

  • Le policier les invite à prendre un verre chez un marchand de vins, au coin de la rue de Vaugirard et de la rue Servandoni. 

Ah ! Mes enfants ! Je suis tout de même content de vous avoir sorti de là... Mais il nous faut retourner... Allons, j'ai pas le temps...

Et il se précipita, affairé, tout en essuyant ses moustaches, vers le prévôté...

Il me tendit la main... Cette poignée de main, j'en frémis encore.

Oh ! comme je le fouille du regard, chaque fois que je passe cet endroit, ce cabaret ... je cherche la petite table ronde devant laquelle nous nous assîmes. Je revois la grande porte du Sénat, les soldats qui entrent, les prisonniers qu'on pousse en hurlant. Et j'entends toujours à mes oreilles led rire sonore de l'agent, joyeux et sinistre à la fois.

  • Vuillaume invite le sous-officier à déjeuner un peu plus loin. Quand nous fûmes à table, dans un cabinet isolé, je racontai au sergeant stupéfait la véritable histoire. 
      


Le Sénat et les rues avoisinantes ressemblait à un vaste champs de bataille, après la victoire. Les morts s'étalaient en plein soleil. Le sang tachait les murs. Il n'y avait guère de coin qui n'avait pas ces deux ou trois cadavres.[...] À toutes les fenêtres, des officiers, des soldats. [...] 

 

Il protège Vuillaume autant qu'il peut. Enfin il dit que c'est devenu trop dangereux. Vuillaume continue de se cacher quelques temps, puis arrive à se glisser hors la ville.

Ce qui est encore une autre histoire, d'arbitraire et de chance inouïe : si vous ne lisez rien d'autre sur La Commune, lisez Mes Cahiers rouges. 

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Le magasin de vin est maintenant un restaurant. En passant un soir, j'ai vu qu'il était toujours ouvert :



Un soir j'ai l'ai vu toujours ouvert. Il n'y avait plus de clients,
mais un petit groupes d'hommes discutaient au bar et je suis entrée. « Je sais que c'est tard », ai-je dit, mais « Savez-vous depuis combien de temps ce restaurant existe ? »

Ils ne savaient pas mais quand je leur ai expliqué la raison pour ma question et leur ai raconté l'histoire de Vuillaume et de l'officier, ils ont écouté avec intérêt et ont posé pour cette photo :



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