mercredi 27 octobre 2021

FINANCER LES SPECTACLES : LES « ABONNÉS »


LES HOMMES LES PLUS RICHES FINANÇENT LES SPECTACLES EN RÉSERVANT LES PLACES LES PLUS CHÈRES

Ces « abonnés » peuvent les utiliser pour leurs familles ou des visiteurs de province, le mardi, mercredi ou vendredi pendant un an... 

De Honoré Daumier

Mais l'attrait principal est de dîner dans un salon à côté de la porte maintenant murée montrée à la page précédente.  

Les magnats y accèdent par une entrée créée pour eux seuls, ayant laissé leurs voitures dans l'immense vide qui l'entoure. 

Ces dîners permettent aux dirigeants de l'industrie, du commerce et de la culture d'établir des relations, entre eux et avec la noblesse la plus vénérable, dans un contexte aussi intime et exclusif que celui d'un salon...

En attendant la fin du ballet qui suit le second acte.

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La flèche montre la seule vue du vide,
 devant la rotonde des abonnés.

À suivre.

    Des toits couvre des tables du restaurant actuel. 

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mardi 26 octobre 2021

LE BALLET, UNE TRADITION DE LA COUR FRANÇAISE


IL COMMENCE PAR DES PROCESSIONS INTRODUITES PAR LE ROI ET LA REINE
(VERS 1560)

Louis XIII et Anne d'Autriche les conduisent et observent les dances ritualisées qui suivent :

     The Ball by Abraham Bosse, 1634 / zoom 

Maurice Leloir dans Richelieu de Théodore Cahu, 1901, une histoire de la France pour enfants  

Elles racontent les allégories concernant le roi, dansés par les jeunes nobles. Louis XIV, un excellent danseur, joue le rôle qui lui donne nom « Roi-Soleil ». 

Maurice Leloir dans Le Roy-Soleil de Gustave Toudouze, 1931

Plus tard il établit la première école de ballet et ordonne qu'un spectacle soit inséré à la fin du second acte de tout opéra produit à la cour. 

Vu dans les films L'homme au masque de fer de R. Wallace avec Leonard Dicaprio comme Louis, 1998, et Le Roi danse de G. Corbiau, 2000

La danse ritualisée fait partie de la vie de cour jusque la fin de l'Ancien Régime : 

La Princesse de Navarre de Nicolin Cochin, 1745 / zoom
  
L'Opéra a longtemps continué cette tradition, un ballet ayant lieu après chaque deuxième acte. Les danseuses de Degas sont toutes des « filles de l'opéra », Paris n'ayant pas d'autre ballet.

 Montré à l'exposition Degas à Opéra au musée d'Orsay

 

Ces entr'actes sont le lien
 entre les danses de cour et celles de cabaret,
qui aussi ont commencé à Paris.

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lundi 25 octobre 2021

MILLIONAIRES ET BALLERINES


ENTRETENIR UNE DANSEUSE, UNE SOURCE D'IDENTITÉ, DE
PRESTIGE ET DE CRÉDIT

 « ...Monsieur Leuwen, le riche banquier qui entretient 
Mademoiselle des Brins, de l'Opéra... »
-- Lucien Leuwen de Stendhal, 1834

Le deuxième acte terminé, les abonnés rencontrent les danseuses en coulisse, ou dans une salle spécialement créée à cet usage. L'idéalisation de ces rencontres a contribué à la célébrité de Paris pour le libertinage de luxe :

Les Coulisses de l'Opéra de Jean Béraud, 1889, musée Carnavalet

Le Foyer de la Danse, archives de l'Opéra

La salle « est destinée à servir de cadre aux gracieux essaimes de ballerines [...] on dirait un kaléidoscope quand elles s'entremêlent de mille et mille manières. » 

-- Charles Garnier
Vu par Degas 

À l'exposition Degas à l'Opéra" au musée d'Orsay

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Ces ballerines, « l'élite des plaisirs parisiens »

  • « Sa mère, comme j'ai appris depuis, à mon horreur, était une danseuse à l'Opéra » 
-- Dit de Becky Sharp, l'aventurière de La Foire aux vanités, 
par W.M. Thackeray, Londres 1848

Par Degas

  •  « C'est ma danseuse... » 

L'expression évoque une activité qui exige d'immenses ressources ou efforts, et ne donne rien en retour. Elle se réfère aux demandes exorbitantes des danseuses.


De milieux humbles, généralement illettrées, les ballerines n'ont laissé aucun témoignage et nous les connaissons que par les hommes qui les méprisaient.

Elles les méprisaient en retour. Le ruban noir de la jeune femme ci-dessus rappelle le collier de chien, c'est-à-dire, « Nous savons ce que vous pensez de nous. Nous ne vous aimons pas non plus ».
-- Nadège Maruta, 
chorégraphe et historienne du french cancan, communication personnelle

  • La vengeance de danseuses et de courtisanes : « À chaque bouchée, Nana dévorait un arpent... 

Elle passait, pareille à une de ces nuées de sauterelles dont le vol de flamme rase une province. Elle brûlait la terre où elle posait son petit pied. Ferme à ferme, prairie à prairie, elle croqua l'héritage [...] comme elle croquait entre les repas, un sac de pralines posé sur ses genoux [...] mais un soir, il ne restait qu'un petit bois. Elle l'avala d'un air de dédain, car ça ne valait même pas la peine d'ouvrir la bouche. »
-- Nana de Émile Zola, 1880

La coutume commence son déclin quand les « filles de l'Opéra »
font grève avec le reste du personnel, et obtiennent des salaires décents : des lettres furieuses d'abonnés montrent que beaucoup
d'entre elles refusent alors ce « mécénat ».
(En 1912) 

Il disparaît quand Jacques Rouché, un protestant austère devenu directeur, supprime les privilèges des abonnés en finançant les spectacles lui-même.
(Années 1930) 
-- Pascal Payen-Appenzeller,
 historien de Paris, communication personnelle

Quand Rouché vient au bout de ses ressources,
l'État prend la relève.

(En 1939)

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dimanche 24 octobre 2021

« LA PETITE DANSEUSE » DE DEGAS



LES BALLERINES MONTAIENT SUR SCÈNE À 13 OU 14 ANS
ET LEUR ENTRAÎNEMENT COMMENÇAIT À SIX OU SEPT :
AINSI COMMENCE LA DÉBAUCHE D'UNE HÉROÏNE DE BALZAC 
(CORALIE EN SPLENDEUR ET MISÈRE DES COURTESANS
 

On les appelait des « petits rats » car leur trottinement rappelait celui des rats.

Par Degas
 Remarquez l'homme à gauche et l'échange de regards.


La pédophilie, tolérée :

Au Palais-Royal, Internet, sans autres informations

« Petite danseuse, quatorze ans » : pour Degas, le front bas et la mâchoire saillante étaient simiesques, des signes de dégénération et de criminalité latente.


Internet, photographe non nommé 
La statue est d'abord exposée dans une vitrine, comme un spécimen.

« Le museau vicieux de cette adolescente, cette petite fleur de la gouttière, marque sa figure avec la promesse détestable de tous les vices. »
--  Critique cité dans Les Filles peintes de Cathy Marie Buchanan, 2013,
 un roman sur le personnage réel, basé sur des faits (en anglais)


Les communards : 
« Si vous ne voulez pas que vos filles
soient des instruments de plaisir
 de l'aristocratie de l'argent,
ouvriers levez-vous ! »
-- Cité dans Paris Babylon par Rupert Christiansen, 1994

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jeudi 21 octobre 2021

UN PLAFOND DÉCORÉ PAR UNE ORGIE


DES NYMPHES SÉDUISENT DES SATYRS SOUS LE REGARD DE BACCHUS,* DANS UN DÉCOR QUI COUVRE LE PLAFOND ENTIER DU SALON DES ABONNÉS
-- La fête de Bacchus de Georges Clairin

* Dieu de la débauche

      Internet, photographe non nommé




Fin de cette section.

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