samedi 23 avril 2011

UN LIEU OÙ NOBLES ET PARVENUS SE CROISENT


EXCEPTIONNELLEMENT COÛTEUX CAR UNISSANT TOUS LES ARTS, L'OPÉRA OFFRE AUX ÉLITES OPPOSÉS UN PRÉTEXTE POUR SE CROISER EN TERRAIN NEUTRE

  L'Âge de l'innocence de Martin Scorsese, 1995
Le film commence par une longue séquence à la l'opéra de New York, pour donner le cadre de la haute société des années 1870.

À Paris, le nouveau Opéra est conçu pour faciliter ces rencontres :

  • Les enrichis de la Révolution industrielle souhaitent se mélanger à la noblesse, mais ses salons leur sont fermés :  « C'est un banquier qui s'impose à Paris par sa fortune... il a déjà tenté de venir me voir... »
-- Une marquise observant la femme du banquier de sa loge :
 Balzac, Les Illusions perdues, 1843

  • Néanmoins pour des nobles désargentés de telles rencontres pouvaient être un pas vers des mariages utiles.

Le décor souligne les intentions sociales...

  •  Les sculptures des deux côtés de l'entrée à la salle de spectacle sont presque invisibles, se fondant dans un décor qui rehausse le costume :

L'Escalier de l'Opéra de Louis Béroud, 1877 / zoom

  • L'escalier se scinde pour attirer vers des balcons, d'où observer l'arrivée d'alliés et de rivaux, échanger des regards ou être leur cible soi-même :



Bal à l'Opéra de Henry Gervex

Loges et un espace de promenade encouragent les échanges
pendant les deux entr'actes d'une heure...

  • Les loges, cadres de scènes de romans

« La loge des Premiers Gentilshommes [...] ; on y est vu comme on y voit des deux côtés. »
-- Illusions perdues
    • À Paris, des jeunes hommes à la mode bavardent spirituellement avec une marquise. Ses invités provinciaux sont totalement dépassés. (Illusions perdues)
    • À Moscou, l'inquiétant Kuragin commence sa séduction de Natasha dans une loge. (Guerre et Paix)
    • À Saint Petersburg, la déclassée Anna Karénine defie la bonne société en s'assoyant magnifiquement habillée au premier rang. (Anna Karénine)

Anna Karénine de Clarence Brown avec Greta Garbo, 1935

  • L'espace de promenade, le Grand Foyer, « où la couleur et la lumière créent un monde où le doute et l'anxiété n'existent pas, une Arcadie perdue ». 
 -- Introduction« Les Peintures de l'Opéra de Paris » de J. Foucart et L-A Prat, 1980

Site web de l'Opéra

L'espace reçoit confortablement
deux mille spectateurs,
pour qui les rencontres étaient souvent
la raison réelle pour venir au show. 

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