mardi 20 août 2013

DES COMMERCES QUE LES COMMUNARDS AURAIENT APPROUVÉS


DES RUES QUI ONT ÉTÉ COUVERTS DE BARRICADES ACCUEILLENT MAINTENANT DES COMMERCES PERSONNELS ENRACINÉS DANS LES QUARTIER OU RÉCEMMENT CRÉES ET FLORISSANTS

Adapté d'un plan Google

En composant cette page, j'ai réalisé que la plupart de ces commerçants étaient des immigrés ou de descendants d'immigrés.* Quand j'ai demandé la raison, ils ont dit : 

  • Être embauché ou grimper l'échelle des sociétés leur est souvent difficile.  
  • Des diplômes de pays hors l'Union Européenne ne sont pas acceptés en France.
  • Se transplanter dans une culture nouvelle prend déjà de l'initiative, et l'absence de famille, de contact et de fonds motivent d'inventer son chemin.  
  • Ils acceptent de travailler les 12-14 heures par jour qu'un petit commerce peut exiger. *

* La propriétaire d'une mercerie dans un autre quartier dort dans sa boutique pour remplir les commandes : cliquez et déroulez jusque la fin de la page. 

  • Pour ceux qui sont issus de l'immigration, l'entourage assure une familiarité qui incite à suivre le même chemin.

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Des commerces choisis, où les communards ont livré leur dernier combat ou sur des chemins de leurs fuites (pour un plan, cliquez).

  • Derrière l'église :

    • Une papeterie où des marchandises occupent chaque pouce de deux passages, et qui est le seul lieu du quartier d'où on peut envoyer un fax ou acheter le New York Times (depuis 2005). 

Bureau Vallée
10 rue Jeanne d'Arc

 Fanny et Robert Ho, chinois



  • En face : des produits asiates difficiles à trouver (depuis 2002).

Boutique Bio et Bien-être
19 place Jeanne d'Arc

De gauche à droite : Aline Ly (du Laos : elle connait la médecine asiate et apporté les produits) ;  Sophie Dmitreff, propriétaire, dont la grand-mère est venue de la Russie en 1924 ; Barbara Raab, dont les grands parents étaient autrichien et Tchécoslovaque.

 

Je ne connaissais pas le sirop de dates ou le sucre de bouleau. 

  • En suivant des chemins de leurs fuites (les rues Nationale et Château des Rentiers) : 

    • Une pharmacie : un voisin m'a dit quand j'ai emménagé que les gens étaient très agréables, ce qui c'est avéré être vrai.

Pharmacie Nationale
128 rue Nationale

 « Merci, Catherine! » a dit cette cliente. La pharmacienne est asiate. Sur huit employés, cinq sont d'origine immigrée.

Valerie (d'origine espagnole et marocaine) écrit comment utiliser le tensiomètre devant elle. Cela ne se ferait pas à New York, d'abord parce que l'employé n'y connaitrait rien.

Le quartier de Union Square à New York
 est aussi loin de centre que le 13e,
et on pourrait s'attendre à une ambiance comparable.

Mais les pharmacies font partie d'une chaîne, les très jeunes employés ne savent rien de ce qu'ils vendent et les clients sont anonymes. 

Ici, les employés sont des professionnels qui informent et connaissent les clients.

  • À la rue d'en face, Monsieur Daniel, électricien, ne demande rien pour des petites réparations. La photo de la Conciergerie n'est pas là pour l'argent, mais parce qu'il l'aime (depuis 2005).

A.D.K. Paris
108 rue Nationale



  • En revenant à la pharmacie et en descendant la rue, un couturier qui fait aussi des retouches (depuis 2000)

Marcel Bayo Lukombo
Bayocreamode
12 rue Dr Victor Huntinel (au coin de la rue Nationale)

Il est difficile de trouver un couturier qui travaille le cuir, mais Monsieur Lukumbo a réparé ma veste. 
 
Fuite 

  • Sur la rue parallèle (rue du Château des Rentiers), un restaurant chinois (depuis 1982) :

La Mer de Chine
159 rue du Château des Rentiers

« Il est temps pour la prochaine génération de prendre la relève,» dit Simon, qui a remplacé son grand frère en 2021. 

On s'étonne qu'un restaurant asiate se maintienne ici. Il est du côté français de l'artère qui sépare les quartiers français et asiates, beaucoup de résidents sont des personnes âgées aux revenus modestes et le soir il n'y a presque pas de circulation (j'ai pris cette photo devant le restaurant).

La durabilité vient de la recommandation du guide Michelin.

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Revenez sur vos pas vers la rue principale (la rue Tolbiac, qui sépare les quartiers français et asiate :


  • Un quincaillerie : Monsieur Amin craint que les achats par le web et les grandes surfaces l'obligent à vendre ce commerce fondé par sa mère, réunionnaise (en 1986).
    • Mais pour le moment :

Burhanie decor shop
70 rue Tolbiac 

Monsieur Amid avec « Momo » (Mohammed), qui transporte des enfants handicapés et fait parfaitement les petits boulots.


Momo faisant du bricolage pour moi : Monsieur Amin l'a recommande comme ami, pas pour une commission. 



    • Un soir en attendant que Monsieur Amid emballe un paquet pour l'homme derrière le comptoir,  j'ai surpris cette conversation...

« Si le gouvernement change l'âge de la retraite des manifestations viendront, le covid est toujours présent et de toute façon nous mourrons tous un jour, on ne sait pas quand ni comment, mais on sait que cela arrivera ».  

Ces sombres sujets étaient évoqués avec autant de bonne humeur qu'autour du zinc d'un café. En contraste avec le vide des chaînes ou des magasins banales sans parler du web, ici la convivialité existe toujours.

  • En remontant la rue pour dix minutes, un salon de beauté franco-chinois où pour les excellents services il faut souvent réserver une semaine en avance :

118 rue de Tolbiac 

L'emplacement avait été celui d'un lieu de transfert d'argent en Asie, souvent avec des espèces, par des restaurants d'à côté. Quand un inspecteur a demandé à voir les factures, le propriétaire est parti. Yue and Guillaume Guillet ont acheté le lieu : « Nous travaillions dans un bureau... »  

  • Presque en face, un bar avec musique live :

141 rue de Tolbiac

Paris Bossa Nova / François Bibonne

Jean-Laurent Auvray et Grégoire Nicot font la cuisine et leurs enfants servent et débarrassent en fin de soirée.

  • Une librairie progressiste fondée en 1957

16 rue de la Maison Blanche

Des livres nouveaux sur La Commune, et une annonce de causerie par leurs auteurs

La même idée marque le 30e anniversaire du génocide au Rwanda, pour lequel la France était en partie responsable.

Les soirées mensuels : celle-ci concernait Louise Michel et Une Nouvelle  Histoire de la Commune


 En parlant avec la responsable du magasin
j'ai dut que la plupart des propriétaires et des employés
des établissements que j'avais choisi 
étaient des immigrés ou d'origine immigrée. 

Quand j'ai demandé son nom elle a dit, 
« Natalie Bertin »
 « On ne fait pas plus gaulois que cela », j'ai dit. 
Elle éclata de rire.

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Les communards considéraient que
 « L'art est tout ce qui est fait avec passion ».
Ces commerces correspondent à cette définition.  

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