dimanche 18 août 2013

DES PETITS COMMERCES QUE LES COMMUNARDS AURAIENT AIMÉ


« L'ART EST TOUT CE QUI EST FAIT AVEC PASSION QUI S'ADRESSE AU PUBLIC », ONT-ILS DIT

Ils auraient approuvé les petits commerces qui aujourd'hui parsèment les rues où les combats avaient été intenses et par lesquels ils ont fui.

Adapté d'un plan Google

C'est mon quartier, et ces magasins sont ceux que j'apprécie. Ayant fait cette page j'ai réalisé qu'ils étaient tous crées par des immigrés ou par leurs descendants. Quand j'ai demandé pourquoi, ils m'ont dit : 

  • Être embauché par des sociétés ou y grimper l'échelle est souvent difficile.  

  • Des diplômes de pays hors l'Union Européenne ne sont pas acceptés en France.

  • Le simple fait de se transplanter oblige de l'initiative. Ces personnes savent inventer leur chemin.  

  • Des compatriotes ou des membres de famille qui déjà installés ont souvent un commerce, et aident les arrivants.

  • L'entourage incite les enfants à suivre le même chemin.  

  • Les immigrés acceptent de travailler les 12-14 heures par jour qu'un petit commerce souvent oblige.* 

*La créatrice camerounaise dort dans sa boutique quand elle doit tenir un délai.

    # # # 

Derrière l'église :

  • Achat d'ordinateurs reconditionnés et d'équipement informatique, réparations d'ordinateurs. 

 « Tony »
Tewfik Touatij, Berbère
Laptop Service
34 rue Domremy

Quand je suis entrée dans la minuscule boutique de cet homme jovial, j'ai vu qu'il expliquait un problème à une dame âgée et suis partie, disant que je voulais acheter un ordinateur reconditionné et que je reviendrai. Une demi-heure plus tard il expliquait toujours, n'abrégeant pas cette aide non-rémunérée pour une vente relativement importante. J'ai enfin installé le pc qu'il a installé bénévolement, en m'offrant un sac pour le transporter et un adaptateur.

C'était le soir. En repartant il a dit qu'il réparerait des ordinateurs jusqu'à onze heures.

  • La seule papeterie du quartier d'où on peut envoyer un fax ou acheter le New York Times (depuis 2005).

Bureau Vallée
10 rue Jeanne d'Arc

 Fanny et Robert Ho, Chinois



  • Des produits bio et des produits asiates (depuis 2002).

Boutique Bio et Bien-être
19 place Jeanne d'Arc

De gauche à droite : Aline Ly (du Laos : elle connait la médecine asiate et choisit les produits) ; Sophie Dmitreff, propriétaire, dont la grand-mère est venue de la Russie en 1924 ; Barbara Raab, dont les grandparents étaient autrichien et tchécoslovaque.


Sirop de dates et sucre de bouleau. 

# # #

En suivant la fuite des communards : 
(Les rues Nationale et Château des Rentiers, après le carrefour) : 

  • Une pharmacie : 

Pharmacie Nationale
128 rue Nationale

« Merci, Catherine! », a dit cette cliente. La pharmacienne est asiate. Sur huit employés, cinq sont d'origine immigrée.

Valerie Marquiès (d'origine espagnole et marocaine) écrit comment utiliser le tensiomètre devant elle. À New York, des vendeurs ne penseraient pas qu'expliquer faisaient partir de leur travail, ou même de connaître l'équipement.   

Le quartier de Union Square à New York
 est aussi loin de centre que le 13e,
et on s'attendrait à une ambiance comparable.

Mais les pharmacies font partie d'une chaîne, les très jeunes employés ne savent rien et les clients sont anonymes. Ici, les employés sont des professionnels qui informent et connaissent les clients.

  • À quelques pas : un couturier qui fait aussi des retouches (depuis 2000).

Marcel Bayo Lukombo
Bayocreamode
12 rue Dr Victor Huntinel (au coin de la rue Nationale)

Il est difficile de trouver un couturier qui travaille le cuir, mais Monsieur Lukumbo a réparé ma veste. 
 
Les communards ont sûrement fuis par ce qui était alors qu'un chemin.


La Mer de Chine
159 rue du Château des Rentiers 

« Il est temps pour la nouvelle génération de prendre la relève », 
 dit Simon, qui remplace son grand frère depuis 2021. 

La carte explique les origines et les apports pour la santé des plats. 

On s'étonne qu'un restaurant asiate se maintienne sur une rue où les résidents sont souvent des personnes âgés aux revenus modestes, où en soirée il n'y a presque pas de circulation et qui soit du côté français de l'artère.

La durabilité vient de son excellence.

# # #

À l'artère autrefois couverte de barricades (la rue de Tolbiac), Hamid Amin prévoit le moment où les achats par le web et aux grandes surfaces l'obligeront de vendre la quincaillerie que sa mère, réunionnaise, a fondé (en 1986). Mais pour le moment...


  • Monsieur Amin et son ami Mohammed ("Momo")

Burhanie decor shop
70 rue Tolbiac 

Momo transporte des enfants handicapés et fait des petits boulots, comme ici pour moi.

  • Un magasin sans affichage commercial, où chaque centimètre est utilisé :  



  • Un soir en attendant que Monsieur Amid emballe un paquet pour l'homme devant le comptoir,  j'ai surpris cette conversation...

« Si le gouvernement change l'âge de la retraite des manifestations viendront, le covid est toujours présent et de toute façon nous mourrons tous un jour, on ne sait pas quand ni comment, mais on sait que cela arrivera ».  

Ces sombres sujets étaient évoqués avec autant de bonne humeur qu'autour du zinc d'un café.

# # #

Il y a un centre commercial à cinq minutes. Les vendeurs sont polis, mais on sent que seul le salaire explique leurs présence.  

Ces petits commerces sont autre chose.

*     *     *

Revenons à la balade.
Au bout de la rue du Château des Rentiers
un panneau vous invitera à découvrir
 le « Jardin de la raffinerie Say ».

Vers la rue du Château des Rentiers

Entrez.

Suite,





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