LA CÉLÈBRE MARGINALITÉ DE BARBÈS AU XIXe SIÈCLE
ÉTAIT DUE AU MUR D'OCTROI
Adapté d'un plan Google
Le roman L'Assommoir de Zola commence par son protagoniste, Gervaise, cherchant son homme dans la cohue qui entre à Paris par la porte de la barrière :
« Quand elle levait les yeux au delà de cette muraille grise et interminable
qui entourait la ville comme bande de désert...
[soulignement ajouté]
elle voyait couler, entre les deux pavillons trapus de l'octroi, le flot ininterrompu d'hommes, de bêtes, de charrettes, qui descendaient des hauteurs de Montmartre et de la Chapelle. Il y avait là un piétinement de troupeaux [... ]un défilé sans fin d'ouvriers allant au travail, leurs outils sur le dos, leur pain sous le bras ; et la cohue s'engouffrait dans Paris [...] ».
-- Histoire située dans les années 1850, publiée en 1877
Le vin non imposé hors la barrière a conduit à une contre-culture comme celle de Belleville, mais plus importante et beaucoup plus connue :
Couverture de La Vie à Montmartre de Georges-Boudet-Taillandier 1897 / zoom
...et à la violence. Gervaise suit de son regard « le mur d'octroi, derrière lequel, la nuit, elle entendait parfois des cris d'assassinés. »
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Aujourd'hui...
- Les cabarets et les théâtres se trouvent sans exception du côté nord du boulevard, le côté non taxé du mur. La plupart des fast foods, cafés et restaurants s'y situent aussi, leurs lumières éclairant les nuits :
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- Au côté sud, où les taxes rendent le vin plus cher, il n'y a aucun théâtre et très peu de cafés ou de restaurants, tandis que les sex-shops, héritières des bordels, sont nombreux et spectaculaires :
La plupart des commerces ferment la nuit, laissant ce côté de la rue plus sombre.
Héritiers des bordels, la plupart sont côté sud, les clients aisés étant indifférents au coût du vin.
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« L'Assommoir », le bar où Gervaise se détruit par la boisson,
donne son nom à une place à deux pas du métro Barbès,
c'est-à-dire de la barrière d'octroi :
« L'Assommoir » de André Capellani, 1909 / YouTube
« Plantée devant l'Assommoir, Gervaise songeait.
Si elle avait eu deux sous, elle serait entrée boire la goutte
Peut-être qu'une goutte lui aurait coupé la faim. Ah ! elle en avait bu des gouttes ! Ca lui semblait bien bon tout de même. Et, de loin, elle contemplait la machine à soûler, en sentant que son malheur venait de là, et en faisant le rêve de s'achever avec de l'eau-de-vie, le jour où elle aurait de quoi. »
Elle meurt de delirium tremens.
La place ne se prête pas à un roman
dont le sujet est la pauvreté et le désespoir,
car nos pickpockets et petits dealers
sont pâles à côté des assassins
dont les cris des victimes commencent l'histoire.
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Suite,
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