jeudi 31 octobre 2013

IV.4.2. L'ÉPICENTRE DE LA MISERE

MENU : 4.4.2. L'épicentre de la misère 


« LE 13e ARRONDISSEMENT, DE LOIN LE PLUS MISÉRABLE DE PARIS OÙ UNE POPULATION COMPOSÉE DES ELÉMENTS LES PLUS MALSAINS TROUVENT REFUGE... »
                         -- Paris qui souffre de Belinda Carter, « Paris treizième » 

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En bref


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mardi 29 octobre 2013

« PERDU AU BOUT DE LA VILLE...


L'INDUSTRIALISATION TRANSFORME UN LIEU IDYLLIQUE SUR LES RIVES DE LA BIÈVRE 
  
 Peinture à l'Auberge Ethchegorry (détail), qui occupe l'emplacement aujourd'hui

Aspects de la misère : 

  • La gare d'Austerlitz, élargie en 1867 était une des cinq gares volontairement construites en périphéries, pour éviter que des ouvriers soient au centre. 


Le sixième était la gare d'Orsay, connectée à la Gare d'Austerlitz pour éviter aux visiteurs aisés venant pour l'Exposition internationale de 1900 de se retrouver au 13e.

  • La Bièvre, utilisée pour le tannage, était un égout puant à ciel ouvert, complètement recouvert que vers 1950 :

 Zoom (déroulez la page)

Tout ce qui reste :

  • Un nom de rue du 5e, où la rivière souterraine se jette dans la Seine.


  • Un numéro spécial de journal : 

  • Deux peintures à la Mairie 
      La rivière Bievre par Henri Coelas
     Les tanneurs de la rue Croulebarbe par Henri Coelas

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Un polar célèbre évoque l'ambiance glauque :

 

 

De Léo Malet (première edition 1956), illustré par Jacques Tardi (Castermann, 1988)


 « Fous le camp d'ici, Bélita,
 plaque tes fleurs où tu veux mais quitte ce lieu.
Il t'écrasera comme il a écrasé d'autres.
Il pue trop la misère, la merde et le malheur. » 

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vendredi 25 octobre 2013

LA MALADIE, LE CRIME ET LA RÉVOLTE


« LA HONTE DE PARIS », LA CITÉ JEANNE D'ARC
(CONSTRUITE EN 1884)

« La forme actuelle de la Cour des Miracles... on peut dire que ceux qui habitent là sont tombés au dernier degré de la misère »
 -- Belinda Carter, Paris treizième

La rue Jeanne d'Arc vue des marches de l'église (vers 1900) 




La maladie


« ...dans ses couloirs ténébreux et funèbres, parmi tous ses escaliers, recoins et encoignures sordides et au milieu de toute son ombre et de son infection se tapit ou rôde, continuellement en quête d'une proie, un spectre dévorant : la tuberculose. »  
-- Un gosse, roman autobiographique d'Auguste Brepson, 1927


Le crime :
Le jeune porte la large ceinture
des « apaches »,* 
les premiers gangs de rue

*Le nom vient des Apaches de l'ouest américain, perçus comme terrifiants.


La large ceinture, souvent rouge

Zoom (deroulez)

Elle est souvent portée par des terrassiers du métro, vainqueurs de grandes grèves en 1901. En se s'approprient leur prestige en montrant qu'ils ne travaillaient pas. 

La révolte éclate quand des grévistes transforment la cité en bastion (en mai 1934), un aspect de la turbulence qui conduira au Front Populaire* :


Quand le député communiste du 13e incite les travailleurs à voter, il est agressé et arrêté.

Des résidents construisent des barricades au deux entrées de la cité devant lesquelles on allume de feux 
(surement un souvenir de La Commune)tandis que les habitants tirent sur la police et jettent sur eux tout ce qu'ils trouvent sous la main, comme au début des années 1830 et en 1848. Ils les repoussent deux fois. 

  • « Tout le quartier est debout, acclamant les défendeurs de la cité qui chantent l'Internationale et acclament le soviets ». 
-- Paul Vaillant-Couturier, éditeur de l'Humanité (le quotidien communiste),
cité en Histoire et histoires du 13e, n° 6, hiver 2011.

Ce qui reste de la Cité : cette plaque... 



« Cette ensemble construit en 1884... devint un taudis dans un quartier à industrialisation rapide [...] Foyer de révolte autant que d'insalubrité et de délinquance, la Cité Jeanne d'Arc suscite une répression sans faiblesse, mais également des actions secourables

En 1934, un mouvement précurseur du Front Populaire y voit le jour : les révoltés dressent des barricades 
[...] »

Et le nom « la Résidence Jeanne d'Arc », établissement géré par la Ville pour des personnes âgées, à quelques pas :


C'est tout.

*     *     *
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jeudi 17 octobre 2013

UNE INDUSTRIE DISPARUE

 

EXEMPLE : LA PLUS IMPORTANTE RAFFINERIE DE SUCRE AU MONDE, LA RAFFINERIE SAY
(1832*- 1968)

*Une illustration du capitalisme qui démarre après la Révolution de 1830

L'usine

Zoom (for more pictures, please scroll down)

  Zoom (une série de photos de l'époque)
Cette vue aérienne de 1950 montre l'étendue de la société. En fait elle était bien plus grande, puisque la partie maintenant occupé par un parc et un supermarché est rognée. 
 
L'établissement couvrait les deux côtés de la rue Jeanne d'Arc, construite pour la répression après l'insurrection de Juin 1848. Utilisée pour mater la révolte de la Cité en 1934, elle a enfin servi à ce but.

 
Adapté d'un plan de 1892 / zoom


# # #

Une ouvrière se souvient:

« On tenait grâce au café et au sucre, qu'on consommait sur place
parce qu'on était fouillées à la sortie.

Mes doigts finissaient par saigner et je pleurais chaque soir [... ] »
-- Suzanne Chaveau, entrée chez Say en 1942,
citée dans La raffinerie Say ou la Jamaïque à Paris2011

Paris treizième
Elles travaillaient de 6h à 18h, six jours par semaine. 

Accidents, explosions et incendies : une explosion fait 41 victimes, dont certaines enterrées vives.
(En 1908)

Explosion à la raffinerie Say, « Paris treizième »

C'était le troisième accident à Say depuis 1904, sans compter ceux des autres établissements.
-- Un riche passé industriel, « Histoire et histoires du 13e », n° 19, 2020

     L 'Explosion du 10 octobre 1915, « Paris treizième »

« Les accidents ne sont malheureusement pas rares » dit le texte,
avant de passer à autre chose.

# # #

Sa seule trace actuelle



Histoire de Paris
La raffinerie Say

Industriel nantais, Louis Say achète en 1832 les terrain de la  « Raffinerie de la Jamaïque », alors dans Ivry, derrière la barrière des Deux-Moulins [érudition inutile] : îlot entier situé devant nous. Deux à trois tonnes de sucre sortent quotidiennement des chaudrons de la raffinerie des 1832, et sa réussite en fait une entreprise de taille mondiale avec l'avènement du sucre « indigène » [?] produit de la betterave la raffinerie Say est fameuse pour ses œuvres sociales : Constant Say crée un 1863 des primes et des retraites pour les infirmes et les anciens, en 1868 une caisse de secours pour les malades et blessés. En 1900, cette usine, qui a fermé ses portes en 1968, était la première fabrique de sucre du monde, avec 600t. par jour.

Le panneau mentionne des palliatifs,
omet des conditions et des accidents. 

*    *    *

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jeudi 10 octobre 2013

UN TERRAIN D'ENTRAÎNEMENT POUR DES RÉVOLUTIONNAIRES DU TIERS MONDE


DES JEUNES ÉTRANGERS ONT HABITÉ CE TERRITOIRE LE
MOINS CHER, VOISIN DU QUARTIER LATIN TUMULTUEUX 

17 rue Godefroy

« Chou En Lai habita cet immeuble lors de son séjour en France de 1922 à 1924 »

Zhou Enlai et Deng Xiaopingqui travaillaient ensemble à Renault, ont partagé une chambre de dix mètres à quelques minutes de la Cité Jeanne d'Arc :


Zoom


Zhou aidera Deng a devenir « l'architecte de la Chine moderne » (initiateur du capitalisme d'État) après la mort de Mao Zedong (en 1976).

Ils ont pu croiser le chemin de Hô Chi Minh, qui faisait de petits boulots en écrivant/illustrant/publiant un journal politique vietnamien et a vécu quelque temps près de la place d'Italie, le rondpoint au bout de la rue :

Zoom

Plus tard Aimé Césairepoète du mouvement Négritude et député communiste de la Martinique, habiterait de l'autre côté du boulevard :

Zoom (© Assemblée nationale)

24 rue Albert Bayet

Ces plaques seules indiquent le lien
entre le quartier et le torrent à venir.

Fin de cette section.

*     *     * 

La prochaine section,
Un histoire oubliée mais indélébile