LA PLUPART DES ÉTRANGERS L'IGNORENT ET LA PLUPART DES FRANÇAIS S'EN SOUVIENNENT À PEINE
Ce manuel scolaire de 1966 présente une liste de faits politiques sans lien avec l'économie.*
* Un texte plus lisible paraît en fin de page.
Pourquoi des élections apportent-elles une « majorité hostile » ? Quelles pressions conduisent le roi à dissoudre la Chambre, changer le vote des lois et supprimer la presse ?
Plutôt qu'une lutte entre capitalistes émergeants et nobles que l'évolution économique affaiblit, les jeunes apprennent les « Quartes Ordonnances » — et à rejeter l'histoire dans son ensemble.
Les manuels récents divisent les mêmes faits en thèmes plus faciles à retenir, mais aussi incompréhensibles. L'économie est décrite dans un autre chapitre, sans rapport.
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Maintenant essayez ceci :
Le conflit entre forces contradictoires qui se développe depuis le XVIe siècle et explique la Revolution elle-même, éclate par cinq années de drame (1789-1794). Il réduit le pouvoir des nobles en éliminant leurs privilèges et en saisissant les terres de ceux qui en fuit.
Les capitalistes gagnent. Mais les guerres napoléoniennes absorbent les capitaux et les énergies (de 1800 à 1815 environ). Ensuite les monarchies étrangères imposent la Restauration, qui tente de faire renaître le pouvoir nobiliaire.
Ces événements ralentissent la croissance, mais ne l'arrêtent pas.
- La construction du canal Saint-Martin canal, commencé en 1805 et arrêtée en 1809, redémarre en 1815 pour être terminé en 1824 : l'industrialisation du nord de Paris et les fortunes qui en découlent, commence.
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Carte postale, fin du XIXe siècle / zoom |
- Le Cimetière des Innocents suit une évolution similaire. Le projet d'en faire qu'un marché, lancé juste avant la Révolution puis arrêté, est être repris et terminé au début des années 1820.
- Des spéculateurs construisent le labyrinthe des passages couverts au même moment. Celui de Vero-Dodat est nommé d'après les deux bouchers qui le financent... .
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Face à des elections qui vont contre lui, le roi « jette la monarchie des tours de Notre-Dame »* par les mesures mentionnées ci-dessus. Des combats de rue éclatent. Croyant que la Vierge Marie a promis son aide, il joue au cartes jusque ses troupes, faméliques, sont repoussés et des milliers de Parisiens s'apprêtent à attaquer son chateau (Saint-Cloud, de l'autre côté de la Seine). Il abdique.
Combat devant l'Hôtel de Ville le 28 juillet 1830 par Jean-Victor Schnetz, commande officielle, 1830 / zoom
Presque tous les combattants étaient plebeians, mais cet héro est bourgeois.
Une quinzaine de banquiers offrent le trône à Louis-Philippe, chef de la branche cadette Bourbon.
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Louis-Philippe quitte le Palais-Royal pour les Tuileries le 31 juillet par Horace Vernet / zoom |
Sans légitimité par élection ou par hérédité, fils du régicide exécré Philippe Égalité en plus, il dépend d'eux.
La Révolution industrielle s'élance.
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Comparez le roi renversé et l'élite victorieuse :
- La Mort de Charles X : Les héros de l'Ancien Régime l'accueillent au Paradis.
- Portrait de Monsieur Bertin, éditeur de journal et pilier du nouveau régime : Le fauteuil souligne le pouvoir et les doigts ressemblent à des griffes.
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Par Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1832 / zoom |
Nommer l'insurrection « Les Trois Glorieuses »
montre la jubilation des capitalistes
en prenant le pouvoir enfin.
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Texte du manuel ci-dessus :
Polignac devait-il se retirer ? La Charte n'obligeait pas le roi à prendre ses ministres dans la majorité de la Chambre. Plutôt que de céder, Charles X préfère la dissolution, mais les électeurs lui renvoient une majorité hostile. Le roi alors, par quatre ordonnances, prononce la dissolution de la nouvelle Chambre, modifie de sa propre autorité le régime électoral et le regime de la presse. C'est un véritable coup d' État : la Charte ne donnait pas au roi le pouvoir de faire seul la loi (25 juillet 1830).
Poussé par des sociétés secretes où les jeunes républicains étaient nombreux, par les journalistes, par les patrons qui excitaient leurs ouvriers, le peuple de Paris s'insurge contre les ordonnances. Les insurgés arborent le drapeau tricolore. Après trois jours de bataille de rues (les « Trois Glorieuses » : 27,28, 29 juillet 1830) où est engagée la garde royale — le reste de l'armée s'abstient de combattre — la capitale est perdue pour Charles X.
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