LES HUMBLES : EN PEINTURE UNE MASSE ANONYME, EN
LITTÉRATURE DES CLICHÉS OU DES MENACES
Les tableaux de 1830 montrent les rares rebelles bourgeois au centre et de face, les humbles une foule, ainsi que dans les images de guerre (déroulez la page).
Les exceptions confirment la règle :
- Un homme du peuple est vu de profile dans un côté du tableau, mais de l'autre trois bourgeois paraissent de pleine face :
Combat de la rue Rohan, le 28 juillet 1830 de Hypolyte Lecomte, 1831, zoom
Prise du Louvre le 29 juillet 1830, massacre des gardes suisses de Louis Bezard, 1832 / zoom
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En fiction...
- Les « bon pauvres » sont des saints, des victimes, des domestiques dévoués ou des bénéficiers reconnaissants de la charité de gens aisés.
- Les Misérables (1862). L'héro est un paysan qui passe quatorze années aux galères pour avoir volé une miche de pain. Forçat en cavale il sauve un blessé en soulevant un wagon, bien qu'il sait que sa force révélera son identité :
- Les Mystères de Paris (le premier roman français sur le crime, un « best-seller » en 1848). L'héroïne, une ancienne prostituée angélique, s'avère être la fille d'un prince. En repentir pour cette profession, qu'elle n'exerça qu'une semaine et parce que forcée, elle devient religieuse. Ensuite elle meurt.
- La Case de l'Oncle Tom (1852). l'héro est si notoirement docile que parmi les Blacks américains, être appelé un « Oncle Tom » est une insulte :
- Les Quatre Filles du Docteur Marsh (1868). Les jeunes filles offrent leur petit-déjeuner de Noël, préparé par une fidèle domestique, à une femme démunie avec des petits enfants et un nouveau né. « Des anges ! », elle s'écrie. « Des drôles d'anges en moufles et foulards », dit l'héroïne, dont l'humour ne cache pas l'auto-satisfaction de l'auteure :
Être autre chose est une menace :
- Les Mystères de Paris. la méchante qui force l'héroïne à se prostituer représente la pauvreté criminelle, sans arrière-plan ou nuance :
- L'Histoire de l'Hôtel de Ville, roman de second ordre intéressant pour ses platitudes. Une illustration contraste l'héro bourgeois et les criminels pauvres :
« Les Oubliettes du Grand-Châtelet » de Jules Beaujoint, 1882 |
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Enchaînement d'idées : le mépris d'un chef de bataillon bourgeois pour son collègue ouvrier
[…] Quel n’a pas été notre étonnement, lorsque nous avons appris que, ne sachant aucunement manier l’épée, notre chef de bataillon cherchait à se consoler de son ignorance en essayant de manier la plume.
Citoyen Varlin, permettez-nous de vous dire en terminant que le 193e bataillon vous pardonne, facilement et sans rancune, l’étrange égarement d’esprit auquel vous êtes en proie ; nous concevons, en effet, parfaitement que la transformation subite d’un homme qui quitte les outils qu’il n’aurait jamais dû abandonner pour une épée trop lourde pour ses forces suffirait à elle seule pour tourner des têtes plus solides.
pendant le siège de Paris en 1870,
cité dans Ma Commune de Paris
L'alliance entre républicains
ne peut durer.
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