CONQUÊTE DE L'ALGÉRIE / RÉPRESSIONS EN FRANCE, DES
VOLETS D'UNE MÊME HISTOIRE
Le roi saisit Alger, espérant que la victoire mâtera l'opposition domestique : « Cette flotte sous pavillon blanc c'était la monarchie, s'éloignant du port où s'embarqua Saint Louis... »
-- Réné Chateaubriand
Le Débarquement à Sidi-Ferruch le 14 juillet 1830 de Pierre-Julien Gimbert / zoom
Le régime tombe quand même, et le nouveau gouvernement hérite d'un conflit qui se passe mal et ne sert qu'à faire avancer en rang les officiers :
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Le Combat de l'Habrah (en 1837), 1840, détail, de Horace Vernet / zoom |
« N'envoyez plus de princes ! » implore le commandant. Sur le cheval blanc, un fils de Louis-Philippe.
Morny, le vice-empereur de Michel Carmona, 2005
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La répression de Juin 1848 rend la conquête soudainement utile :
L'Algérie devient un lieu où déporter des rebelles et que les turbulents peuvent coloniser :
Internet, sans indication de source
« Nous serons fermiers et soldats », dit Martial, rejeton repenti d'une famille de criminels, à un ancien criminel. Ce dernier est tué mais Martial et sa concubine, la féroce La Louve, refont leur vie en Algérie.
-- Les Mystères de Paris de Eugène Sue, 1843
-- Le Crépuscule des révolutions, 1848-1871 de Quentin Deluermoz, 2012
D'autres estimations sont de 30%.
« Je brûlerai vos villages et vos moissons », dit le général Bugeaud, commandant de la répression parisienne de 1834 et l'ogre « Bujo », croque-mitaine un siècle plus tard :
de Charles-Philippe Larivière, 1843-1845 / zoom
Autre version avec fumée de village brûlé en arrière-plan; disparue de l'Internet
« Le but... est d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer... allez tous les ans brûler leurs récoltes... ou bien exterminez-les jusqu'au dernier. »
L'armée y apprend la sauvagerie :
- « Il se rappelait ses deux années d'Afrique, la façon dont il rançonnait les Arabes dans les petits postes du Sud...
et un sourire cruel et gai passa
sur ses lèvres au souvenir d'une escapade qui avait coûté la vie à trois
hommes de la tribu des Ouled-Alane et qui leur valu, à ses camarades et
lui, vingt poules, deux moutons et de l'or, et de quoi rire pendant six
mois ».
-- « Bel-Ami » de Guy de Maupassant, 1885, journaliste en Algérie (en 1881).
- « [...] il n'était pas rare de voir des soldats jeter à leurs camarades des enfants [...] qu'ils recevaient sur la pointe de leurs baïonnettes. Ils arrachaient les boucles d'oreilles des femmes, les oreilles avec, et coupaient les doigts pour avoir les anneaux ».
-- Victor Hugo, « Choses vues » (son journal)
citant un général qui lui rend visite en 1871.
- « Pour chasser les idées qui m'assiègent parfois je coupe les têtes, non pas des têtes d'artichauts, mais des têtes d'hommes » :
Mal nourris, mal vêtus et mal équipés, obligés de commettre des horreurs et craignant les représailles arabes imprévisibles, souffrants du vent et de la chaleur le jour et du froid la nuit, ils sont sujets aussi à la malaria, à la dysenterie, au scorbut, au typhus, au choléra et à la dépression.
En 1846, plus d'un tiers de l'armée est hospitalisé. Deux-tiers des malades n'ont pas de lit, trois-quarts pas de matelas, certains sont couchés dehors et il n'y a pas assez d'eau, de nourriture ou de médecine.
Il y a sept fois plus de morts dans l'armée que parmi les civiles, dont l'espérance de vie est déjà courte.
-- Les Luttes et les rêves
L'interminable guerre en Algérie affecte l'armée :
- Le racisme et la cruauté qu'il y apprend intensifie la sauvagerie de ses répressions en France.
- Vaincre les Arabes donne l'impression d'omnipotence, sans l'expérience de guerre avec un adversaire moderne : à suivre.
Fin de cette section.
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