IV.1.1. UN CORTÈGE CHANGE DE ROUTE

MENU : 4.1.1. Un cortège change de route 

LES ENTRÉES ROYALES SONT TRANSFÉRÉES DE LA PORTE SAINT-DENIS QUI CONDUIT AUX SÉPULTURES ROYALES, À LA PRISON DE LA BASTILLE

(À PARTIR DE L'ENTRÉE DE LOUIS XIII EN 1610)

Rappeler les ancêtres indique un pouvoir immuable. Souligner la prison annonce une autorité plus musclée. 

Adapté d'un plan de Paris en 1530 / zoom

Au Moyen Âge les participants (hérauts, autorités, membres des gildes, troupes) se réunissent à la Basilique Saint-Denis, où reposent les rois. La procession descend la voie de commerce et de pèlerinage pour entrer dans Paris par la porte Saint-Denis :

Entrée de Charles V à Paris par Jean Fouquet (entrée 1364, illumination vers 1450) / zoom

Mais au début du XVIIe siècle, un changement : les entrées commencent à la Bastille, à l'extrémité est de la ville. Les innovations royales s'aligneront sur ce chemin.

L'Entrée royale de Louis XIV à Paris, le 27 août, 1660 par Maurice Leloir, 1931 

 

Pour saisir la signification du changement de route,

il faut comprendre saisir son sens initial.

En bref

• D'entrées « joyeuses» à entrées « royales » 

• La voie qui relie les rois à leurs ancêtres 

• L'importance de la Basilique Saint-Denis

• Saint-Denis et le début du « gothique »

• Detour : des extrémistes de droite utilisent l'imagerie médiévale

• La première rue droite française et son premier point de mire

• Oublions les ancêtres, claironnons le pouvoir !

• Révolte à la Bastille

• L'amour triomphe — malheureusement

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Suite,

D'entrées « joyeuses » à entrées « royales » 

D'ENTRÉES « JOYEUSES » À ENTRÉES « ROYALES »

LES « ENTRÉES JOYEUSES » MÉDIÉVALES ÉTAIENT DES PROCESSIONS UNISSANT LES ROIS ET LEURS SUJETS AUTOUR D'ÉVÉNEMENTS ROYAUX, TELS DES COURONNEMENTS, DES VICTOIRES, DES MARIAGES ET DES VISITES.

-- Pour une description des entrées parisiennes : Annales, 1986 

Ces moments étaient heureux. Remarquez le fou :

 L'Entrée de la reine Isabeau de Bavière à Paris le 22 août 1389, « Chroniques de Froissart » / zoom 

Des trompettes. Des bannières. Des tapisseries ou des étoffes splendides pendues aux fenêtres. Des querelles de précédence. Des fontaines d'où coule le vin.  

Des haltes pour des spectacles soulignaient le fun. Les tenir sur les mêmes lieux assuraient l'immuabilité :

    Zoom (déroulez la page)

Entrée d'Isabel de Bavière, 1389 

     Zoom (déroulez la page)

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Le changement accompagne la croissance du pouvoir monarchique :

• Au XVIe siècle la mythologie affirme la supériorité du roi :

      L'Entrée de Henri II, roi de France, à Rouen, le 1er octobre 1550, 1557 / zoom

• Il n'y a ni haltes ni performances car le spectacle est le roi. Le point de départ est la porte Saint-Antoine, qui côtoie la prison de la Bastille.

• Ce lieu de rencontre se déplace à l'est, car le nombre croissant de participants demande plus d'espace. Derrière ce changement : le développement de la ville et de l'économie, la raison pour la montée du pouvoir des rois (expliqué ici et suite).

• En 1610, les participants se rencontrent dans l'espace devant la porte Saint-Antoine, donc à côté de la prison.

      Zoom (déroulez la page)

      Louis XIII, huit ans, porte un costume d'adulte comme tous les enfants à l'époque. 

• En 1628 l'entrée qui célèbre la défaite des protestants s'organise hors la ville (les collines survolent Montmartre et Belleville). 

  Zoom

Remarquez les soldats en tenue romaine (déroulez la page).

• En 1660 l'entrée de Louis XIV réunit tant de monde qu'elle se constitue loin à l'est, à l'actuelle place de la Nation (déroulez la page).

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Pour comprendre l'importance

 du transfert du point de départ,

il faut saisir le sens du parcours original.

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La voie qui relie les rois à leurs ancêtres

LA VOIE QUI RELIE LES ROIS À LEURS ANCÊTRES

 

LA BASILIQUE* SAINT-DENIS ABRITE LES SÉPULTURES DES ROIS 

*Basilique : « le roi » en grecque. Une basilique est une église de signification particulaire.

Site web de la Basilique

Le chemin des entrées unit les tombeaux de Saint-Denis à Notre-Dame...

Le Cortège funéraire de Marie-Thérèse en 1684 par Adam-François van der Meulen / zoom

Claude Abron

 

Et donc au palais, blottit dans son ombre* :

*Jusqu'en 1358, quand le roi fuit la première grande insurrection parisienne et s'établit à la forteresse du Louvre 

  Claude Abron

 Terminer à Notre-Dame 

souligne la sacralité des rois.

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L'importance de la Basilique Saint-Denis

L'IMPORTANCE DE LA BASILIQUE SAINT-DENIS

 

LA LÉGENDE : L'ÉGLISE EST CONSTRUITE SUR LE LIEU OÙ  SAINT DENIS* S'EFFONDRE ET MEURT

*Missionnaire chrétien, premier évêque de la région parisienne et martyr.

Les hauteurs sont souvent sacrées, et on décapite Denis et ses deux compagnons sur un sommet qui était un sanctuaire romain :

 Vue de la butte Montmartre (détail) de Lucien Marchais, 1902 / Sotheby's

Il ramasse sa tête et toujours prêchant, poursuit le chemin, une voie de commerce :

Adapté d'un plan Google

La colline parait dans l'art qui illustre l'événement... 

  La Crucifixion et épisodes de la vie de 

Saint Denis, retable de Saint Denis par 

Henri Bellechose, 1416,  zoom

Qui le montre tenant sa tête dans ses mains :

Le tympan de l'ouest, Basilique Saint-Denis

Corey Frye

La façade de Notre-Dame

Zoom (déroulez la page)

Abbaye de Saint-Germain, Auxerre

 Zoom

Église de la Sainte Trinité, 9e (XIXe siècle)  

 Impasse Girardon, 18e (près de la Basilique) / Trip Advisor

Une statue actuelle 

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D'autres origines tangibles de la légende :

• Porter sa tête dans ses mains : décapiter est difficile et le bourreau y arriver qu'après plusieurs tentatives.

• Le lieu où on dit Denis tombé était un cimetière gallo-romain :

Saint-Denis, une ville au Moyen Âge

Tombeaux gallo-romains près de l'église.

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Saint-Denis et le début du « gothique »

SAINT-DENIS ET LE DÉBUT DU « GOTHIQUE »

« GOTHIQUE » —  OU « BARBARE » — EST UN TERME DE MÉPRIS DU XVIe SIÈCLE

Ce qui serait mieux nommé « architecture aux arches pointues » commence à Saint-Denis. 

-- Cette page adopte les idées de Notre-Dame de Paris par Allan Temko, 1957

Quand des croisés décrivent des arches vues en Syrie...

Procession à Jaffa de Gustave Bauenfried, 1890, zoom

On tente immédiatement de les utiliser. L'objectif n'est pas de les faire s'élancer vers le Ciel, car des superpositions le permettent déjà...

Claude Abron

Angoulême, début du XIIe siècle 

Mais d'obtenir l'espace ininterrompu pour les réunions, les cours, les conférences (...), dont les villes qui jaillissaient partout ont besoin et qu'une plus grande hauteur permet :

Conférence à Notre-Dame par Henri Ladordaire, 1845, anonyme / zoom  

 

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Les arches rondes s'écroulent sous le poids des pierres...  

Claude Abron

Saint-Amand Montron, début du XIe siècle

Mais les arches pointues se rejoignent aux clés de voute, qui portent le poids des pierres à des piliers jusqu'à la terre... 

Claude Abron 

Soissons, début du XIIIe siècle

Tandis que des arcs-boutants soutiennent les murs : 

Saint-Eustache, la dernière église gothique de Paris, 1532-62

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Mais les premières églises utilisant les arches s'effondrent. 

Puis, tout d'un coup, à Saint-Denis elles restent stables, même construites autour de la courbe du chevet :

(En 1164)

Internet, photographe non nommé

L'autel sépare le chevet du public, ce qui en fait la partie la plus sacrée de l'église. Au Moyen Âge il faisait face à l'est vers Jérusalem et le soleil levant, symbole de la Résurrection. 

Les églises géantes s'étendent immédiatement à travers la Chrétienté, devenant les symboles des villes nouvelles :

 Notre-Dame de Paris par Victor Hugo, ed. 1854

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Spécificités de la civilisation occidentale : l'héritage grec, la loi romaine, la tradition judéo-chrétienne...

Et l'architecture aux arches pointues,

qui donne à Saint-Denis son importance entière.

 

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Détour : 

Des extrémistes de droite utilisent l'imagerie médiévale