IL GLORIFIE LOUIS ET SON ARMÉE TRAVERSANT LE RHIN
(EN 1672)
« En à peine soixante jours il traversa le Rhin, le Waal, la Meuse et l'Ijseel, conquit trois provinces, prit quarante places fortes »...
« QUOD DIEBUS VIX SEXAGINTA RHENUM WAHALIM MOSAM ISALAM SUPERAVIT SVBEGIT PROVINCIAS TRES CEPIT URBES MUNITAS QUADRAGINTA » / photo Bill Knight
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L'événement fait partie de l'histoire nationaliste française :
- Louis XIV sur une hauteur domine la scène, la lumière éclaire son costume et son cheval blanc. Le baton de commandement qui étend le bras souligne sa suprématie.
Le Passage du Rhin par l'armée française le 12 juin 1672 de Adam Frans van der Meulen, sans date / zoom |
- L'exploit raconté aux enfants vers 1930 :
La Traversée du Rhin de Maurice Leloir dans Le Roy Soleil de Gustave Toudouze, 1931 |
- Le passage du Rhin est un film français de 1960 sans rapport avec l'événement, mais dont le titre résonne.
- D'après Voltaire, il n'y avait aucun fait d'armes et presque pas de victimes :* les Français avaient appris qu'un gué était desséché et que seulement dix-sept soldats défendaient le fort du côté allemand du fleuve.
*Quelques soldats qui s'étaient éloignés du passage se sont noyés, et un duc ivre qui cria « Pas de quartier pour cette canaille ! » en tirant sur des prisonniers demandant grâce à genoux, a été massacré lui-même.
-- Le Siècle de Louis XIV de Voltaire, 1751, ed. 2015, p. 177
« Tel fut le passage du Rhin...
action éclatante et unique, célébrée alors comme un des grands événements qui dussent occuper la mémoire des hommes. Cet aire de grandeur dont le roi relevait toutes ses actions, le bonheur rapide de ses conquêtes, la splendeur de son règne, l'idolâtrie de ses courtisans, enfin le goût que le peuple, et surtout les Parisiens, ont pour l'exagération, joint à l'ignorance de la guerre [...], tout cela fit regarder à Paris le passage qu'on exagérait encore. L'opinion commune était que toute l'armée avait traversé à la nage, en présence d'une armée retranchée, et malgré l'artillerie d'une forteresse imprenable [...] »
-- Ci-dessus, 168
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Les troupes françaises dévastent une partie de l'Allemagne pour créer une frontière impassable.
(En 1674 et encore plus en 1689)
- Le livre pour enfants montré ci-dessus souligne les femmes qui suivent les plutôt que la violence, mais admet les flammes.
L'Incendie du château de Heidelberg par Maurice Leloir pour « Le Roy Soleil» de Gustave Toudouze, 1931 |
« Après avoir incendié la ville et le château de Heidelberg, les troupes quittent la place et les habitants purent, partiellement, étendre le feu, ce qui mit Louvois [le commandant connu pour sa brutalité] fort en colère. À cette époque et encore assez avant dans le dix-huitième siècle, les femmes suivaient l'armée sur des chariots. Pour supprimer cette suite encombrante, on ordonna de les fouetter publiquement et ensuite de leur couper le nez. Le résultat fut que les soldats les épousèrent. ».
- Les destructions des armées françaises en Allemagne (en 1688 et 1689) : le rouge foncé indique la désolation totale, le rouge moyen la ruine partiale, le rouge pale des ravages isolés :
- Preuve de la destruction délibérée : certaines populations obtiennent un préavis d'une semaine, et sont aidés à partir avec des charrettes et des vivres. Certaines seront les aïeules des « Pennsylvania Dutch » aux États-Unis (la note 11 de cet article).
- Le pillage avait toujours été une façon de payer les troupes, et les ruines de réduire les ressources de l'adversaire. Pendant la Guerre de Trente Ans (1618-1648) le fanatisme avait ajouté à l'horreur. Mais elles n'étaient pas systématiques.
Infanterie en bataille, un village qui brûle au loin de Sebastian Vrancx (vers 1640) / zoom
- « Messieurs les Anglais, tirez les premiers » : La phrase célèbre (de 1745) reflète le code qui au XVIIIe siècle limitait la sauvagerie (bien que le temps nécessaire pour recharger les mousquets rendrait les Anglais sans défense).
La Bataille de Fontenoy, 1745 (recadré) / zoom
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Cette destruction se faisait sans haine ou stimulation idéologique
par des troupes relativement disciplinées choqua plus qu'à d'autres époques.
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Un symbole : le château d'Heidelberg
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Le Château d'Heidelberg par Gerrit Berckhevd, 1670 / zoom |
- Brochure anonyme, 1693
« La Résidence des électeurs-princes, pitoyablement endommagée et abandonnée par les Français barbares : la ville de Heidelberg » /
- Manuel scolaire, 1858
« La Destruction de Heidelberg par les Français en 1689 »
- Les ruines du château jamais reconstruit ont attisé le souhait de vengeance.
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« Les Français passaient autrefois pour une nation honnête, humaine, civile, d'un esprit opposé aux barbaries ; mais aujourd'hui un Français et un cannibale, c'est presque la même chose dans l'esprit des voisins. »
-- Attribué à Pierre Jurieu, un pasteur calviniste : pour le récit complet, cliquez
- Pendant la guerre franco-prussienne (de 1870-1871) les troupes prussiennes ont bombardé Paris avec une violence particulière avant l'armistice, et Bismarck a proclamé le Reich allemand dans la Salle des Glaces à Versailles pour marteler la vengeance (cliquez et déroulez). Annexer l'Alsace et la Lorraine devait prévenir une autre invasion française.*
*Il y avait eu aussi les invasions de la Guerre de Sept Ans et de Napoléon.
- Le désir français de reprendre les « provinces perdues » a contribué à la Première Guerre Mondiale...
Monument à Jeanne d'Arc par Emmanuel Frémiet, place des Pyramides |
La première statue a être construite en France après sa défaite par la Prusse est celle-ci de Jeanne d'Arc, qui repoussa l'adversaire. Elle domine une place face au Louvre (défaite 1870, statue 1874).
- Au Traité de Versailles et à l'occupation de Rhénanie, actes volontairement humiliants qui ont encouragé la montée d'Hitler.
- Des Allemands ont été terrifié à l'arrivée aux troupes française en 1944, craignant une répétition des horreurs du XVIIe siècle.
- La menace de l'URSS mit fin à cette suite.
Mais pendant un tour que j'ai guidé aux Plages du Débarquement quelques Français ont refusé de sortir du car pour visiter le cimetière des soldats allemands, et des cousines allemandes de vingt ans refusent de venir en France par peur d'être appelées nazies.
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Le puissance que l'arche proclame pour une quinzaine d'années était réelle : « ...le grand roi de la chrétienté, qui imposait ses lois jusque dans la Suède et le Brandenburg, trônait sur l'univers moins par la force que par l'admiration. Je l'aimais d'un amour timide. »
L'Allée du roi de Françoise Chandeneggor, 1981 (légèrement adapté)
Ensuite elle causa une alliance qui écrasa presque le royaume. Sur son lit de mort Louis XIV exprima son regret...
Par Maurice Leloir dans Le Roy Soleil
« Il fit approcher le Dauphin et lui dit...
Mon enfant, vous allez être un grand roi ; ne m'imitez [...] pas dans le goût que j'ai eu pour la guerre ; tâchez, au contraire, d'avoir la paix avec vos voisins [...] tachez de soulager vos peuples ; ce que je suis assez malheureux pour n'avoir pu faire... »
-- XXXIV. Journal de la maladie du roi, « Louis XIV et sa cour du duc de Saint-Simon »,
ed. 1994, p. 259 (abrégé)
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Imaginez l'effet de l'arche quand les maisons étaient basses.
Avancer vers elle fait réfléchir à l'hubris.
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Suite,
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