dimanche 26 octobre 2014

HALLUCINATIONS D'UNE POPULATION ENFERMÉE


« LES PARISIENS AVAIENT RÊVÉ
UNE FRANCE RÉGÉNÉRÉE, QUI D'UN VOL PUISSANT S'ÉLANCERAIT VERS LA LUMIÈRE »
COMME AU MOMENT LE PLUS DRAMATIQUE
DE LA RÉVOLUTION
-- Lissagary

Leur seule source d'information :
Des pigeons voyageurs partis par ballon 

    Départ de Gambetta sur le ballon le 7 octobre 1870 de Jacques Didier et Jules Guiard, sans date /zoom
Le service est établi le 4 novembre, mais son coût limite son utilisation.


Un effet du manque d'information : 
Des troupes parisiennes tentent de rejoindre
la dernière armée française,
ne sachant pas qu'elle a déjà été vaincue
et qu'Orléans est tombé

   L'armée prussienne entre en Orléans, de Ludwig Braun,
 « L'Histoire de la guerre franco-allemande » par le colonel Rousset, Tallendier, 1911
 
La statue est de Jeanne d'Arc. Son épopée avait commencé à Orléans, rendant cette défaite plus amère encore.  

De nombreuses victimes, trois jours et nuits dans le froid terrible, des blessés morts de froid : ayant subi ces épreuves, les soldats apprennent qu'Orléans est tombée. Le général français qui avait refusé d'attaquer quand il avait l'avantage est Aurelle de Paladines, que nous retrouverons à la page qui suit.

Libérer Paris de l'extérieur est devenu impossible.

Des pertes innombrables et obscures...

Ma Commune de Paris, sans source

 Une ambulance. Trois blessés. Trois morts.

...rendent les Parisiens plus déterminés encore.  
Le commandant dont les morts et blessés
sont montrés ci-dessus écrit,

« Il y a, parmi tous les défenseurs de la République, un élan d’enthousiasme, d’audace, tout à fait comparable à celui de 1793. S’il y avait des Républicains [sociaux] à la tête de ce mouvement, nous pourrions, au bout de dix jours, proclamer à Berlin la République! »
-- Gustave Flourens, le très aimé commandant à Belleville
le 6 décembre 1870, cité dans Ma Commune de Paris

* Il se réfère à la Révolution, quand des conscrits des armées étrangères aristocratiques se sont enfuis quand confrontés à des volontaires français ultra-mobilisés.


# # #
Les Parisiens exigent 
une « sortie torrentielle » mais...

  • Les soldats allemands aussi se battent pour une cause : les français se sentant les maîtres de l'univers sous Louis XIV avaient ruiné le Palatinat (en Allemagne de l'ouest actuel) au XVIIe siècle (la suite ci-dessous).

  • La proximité des Prussiens empêche de les surprendre, grâce aux espions et au bruit : les Parisiens « sont si contents de se battre qu'ils nous le font savoir une heure en avance ».
-- Bismarck cité par Pierre Dominique 

  • Comment faire sortir ces masses de troupes par les portes de la ville ? (Pendant la bataille de Buzenval, ci-dessous, un tiers resteront bloqués.)

  • S'ils réussissent à percer,  pourront-ils forcer les Prussiens à quitter la France avec des guérillas comme seule aide? 

  • Comment trouver des provisions dans un territoire déjà frappé par les réquisitions prussiennes ?

  • Souhaitent-ils vraiment camper dans le froid terrible ? 
-- Remarques inspirées par Tombs

# # #

Les Prussiens sont si surs de leur victoire 
qu'ils proclament l'Empire
avant même que les Français
aient acceptés l'armistice *

* La proclamation de l'Empire, le 18 janvier, 1871 ; l'armistice, le 28 janvier

La proclamation de l'Empire allemand à Versailles, le 28 janvier 1871, par Anton von Werner, 1885 / zoom

Proclamer l'Empire allemand dans la Galerie des Glaces,
qui est une ode à Louis XIV et à ses guerres,
 était une vengeance pour la dévastation volontaire 
de l'Allemagne du sud-ouest par les troupes françaises 
(en 1672 et 1688-1689)

Louis XIV traverse le Rhin en presence de ses énemis, Galerie des Glaces, © Coproduction RMN – EPV, permission demandée /zoom

Une version du tableau perdue pendant la Deuxième Guerre Mondiale incluait cette peinture. 

La ruine par les armées française,
qui alla beaucoup plus loin que la pratique habituelle
de troupes non payées de vivre sur population conquise,
commença le cycle de vengeance entre l'Allemagne et la France :
Pour la propagande de Louis XIV
et une image de manuel scolaire allemand, 
 
# # #

Plutôt que d'expliquer
les réalités pratiques d'une offensive,
le gouvernement engage une sortie
qu'il sait suicidaire :
La deuxième bataille de Buzenval,
le 19 janvier 1871.

Remarques faites au conseil de guerre : 

  • Clément-Thomas, qui sera bientôt le Commandant de la Garde et que nous connaissons déjà, parle « de quelques têtes chaudes qu'il faut refroidir. »
 -- Pierre Dominique, 253
  • Un autre général : « Ces clowns souhaitent qu'on leur souffle la tête. D'accord. »
 --Tombs, Bivouac, 129.
-- D'autres témoignages, Ma commune de Paris

Zoom (récit sans image)
L'attaque se dirige vers Versailles, quartier général des Prussiens, « défendu par une épaisse ceinture de tranchées, de bâtiments fortifiées, d'obstacles divers et de batteries. »

« Comme ceux qui la planifiait militairement le savaient bien, l'entreprise (...) n'avait (...)  aucune chance de réussir. Mais elle prouverait à la Garde nationale [la milice : à suivre] et à la gauche qu'il n'y avait aucune panacée militaire. »
-- Tombs 128-9. 

Bilan

  • L'embouteillage des 90,000 soldats aux portes es tel qu'un tiers reste dans la ville. 

  • Morts : 600 Prussiens ; 4000 Français, dont au moins 1400 membres des milices.

  • Les Prussiens détruisent la ville de Saint-Cloud et le château de Meudon en représailles.

  • La station de métro Buzenval, dans le 20e arrondissement populaire, s'ouvre en 1933. Le nom montre l'intensité du souvenir de la bataille, même après les conflits infiniment plus sanglants de la Première Guerre Mondiale.


Pour ne pas signer la capitulation,
le Commandant de Paris démissionne

Trochu et les troupes à la Bastille
--Illustration de Claretie

Le général Trochu « savait que l'armée ayant été éliminée... la défense de Paris n'était plus qu'une "héroïque folie".

Je crois que personne n'état en état en 1871 de sauver Paris et de gagner cette guerre. Trochu ne croyait  pas lui-même à une percée qui libérerait Paris et il n'a pas poussé les sorties pour épargner des pertes déjà lourdes. D'où l'impression d'indécision. Et comme aucune armée de secours ne s'est même approché des arrières prussiennes... Il a été un bouc émissaire»
   -- Marc Ambrose-Rendu, 
 historien militaire, communication personnelle


Le signataire (le 28 janvier) :

Le général Joseph Vinoy,
avait participé à la répression
du coup d'état de Napoléon III 
(et conduira celle de La Commune)



Les Parisiens se croient trahis.

# # #

Douze années après la bataille de Buzenval
on a construit un hommage aux combattants
au rond-point de Courbevoie, *
sur le chemin qui y avait conduit 

 À La Defense, maintenant le chef-lieu des multinationales  

Statue, Louis-Ernest Barrias ; photo, Bernard Cerquiglini / zoom 

Le pigeon sur la tête de la déesse indique la taille de la statue.

« La ville de Paris vêtue d'une capote de garde national, la tête ceinte de sa couronne murale regarde au loin l'envahisseur, s'appuie sur un canon. Le visage est amaigri, sombre, menaçant. À ses pieds un garde national blessé s'efforce d'armer son fusil une dernière fois. »
-- Description officielle, citée dans Ma Commune de Paris

Aucun membre important du gouvernement 
n'est présent à l'inauguration, 
probablement parce que beaucoup des survivants
avaient combattu pour La Commune.

Des cris d'amnistier les communards déportés
interrompent les discours. 
-- Ma Commune de Paris

*    *    *

Suite,
Trahison ?








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