lundi 27 octobre 2014

UNE GUERRE VOULUE CONDUIT AU DÉSASTRE

 

POUR ARRÊTER UNE MONTÉE LIBÉRALE, LE SECOND EMPIRE SE LANCE EN GUERRE* SANS PRÉPARATION OU ALLIANCES 
(EN JUILLET 1870)

*Que Bismarck souhaitait aussi, pour réunir les états allemands autour de la Prusse.  


« À Berlin ! » crient des Parisiens.



Dès les premiers jours les Français sont battus :

     L'Infanterie prussienne repousse les cuirassiers français, le 6 août 1870, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

    
   Les Funérailles du drapeau (détail) de Emmanuel-Auguste Masse / sans date, vente d'antiquaire / zoom
Pour qu'un drapeau français ne devienne pas un trophée, un général le déchire et donne les morceaux aux troupes. 

En six semaines leur armée est perdue et l'Emperor fait prisonnier.
(Le 2 septembre, à la bataille de Sedan)  

      Napoleon III se rend, Arte (chaîne de télévision franco-allemande), YouTube, 2006
                     Otto von Bismarck et Napoléon III après la bataille de Sedan en 1870 de Wilhelm Camphausen, 1871 / zoom

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Dès la nouvelle connue on proclame la République. La seule révolution française sans perte de sang réussit en une matinée. 
(Le 4 septembre) 

Illustration dans Histoire de la Révolution de 1870 de Jules Claretie, 1872 -1875

« Une mer humaine emplissait la place de la Concorde. Paris ne s'attarda à s'inquiéter de Napoléon III, la République exista avant d'être proclamée. » 
-- Louise Michel 

L'Impératrice fuit, laissant son déjeuner sur la table.

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La division entre républicains « modérés » et progressistes  apparaît immédiatement :  

  • Les nouveaux dirigeants disent « Gouvernement de Défense national » pour ne pas dire « République ».
  • Ils n'organisent pas d'élections, malgré la demande populaire.
  • Se souvenant des trahisons de 1830 et de Juin '48, en quelques heures des progressistes réclament des élections dans chaque arrondissement pour contrôler les maires et réunir les réclamations.* 

* « Un médecin de Montmartre, E. Dupas, propose cette organisation en sautant sur une table. Dans une ambiance très influencée par la Révolution, cela a surement fait penser à l'appel aux armes de Camille Desmoulins . »
-- Lettre parue dans le journal du journal Rappel du 6 septembre,
cité dans Le Comité central républicain des vingt arrondissements de Paris
de Jean Dautry et Lucien Scheller, 1960,p. 13 / zoom

Le lendemain 4-500 militants établissent un Comité central pour travailler avec le gouvernement... et en être un contrepoids. 

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Quand Bismark exige l'Alsace-Lorraine, une guerre qui n'avait concerné qu'un conflit dynastique espagnole devient une guerre pour la France :
-- Un récit particulièrement claire : Le Siège de Paris de Pierre Dominique, 1932
Karambolage, série télévisée franco-allemande, Youtube, 2020

La prise allemande de l'Alsace-Lorraine aura des suites infiniment plus durables que le paiement d'immenses réparations, que le dessin indique par les pièces de monnaie.


 Zoom
« Secours aux blessés. Quêtes dans les rues de Paris par certains bataillions de la garde nationale »
(Remarquez le défilé militaire)


Elle conduit au siège de Paris : 
(19 septembre 1870 - 28 janvier 1871)

Zoom
« La Ville de Paris et ses environs montrant les fortifications françaises et les lignes prussiennes, 1871 » 

  • La faim

Musée Carnavalet
Le mot « queue » entre dans la langue anglaise : elle vient de reportages décrivant les pauvres attendant les provisions des cantines municipales pendant des heures dans le froid glaciale.

      Abattage d'un éléphant, gravure anonyme, 1870 / zoom

Ceux qui en ont les moyens fréquentent le marché noir et mangent les animaux du zoo. Une femme du monde offre à 22 invités de la viande d'antilope, du jambon et de la dinde.
-- Georges Valance, Thiers

  • Le froid: l'hiver 1870-1871 est un des plus sévères du siècle.
  • Les bombardements commencent le 5 janvier et sont encore plus intenses le dernier jour :

Le Monde illustré, le 28 janvier 1871 / zoom

« Les habitants de la rive gauche s'installent dans leurs caves. »


Zoom
«  Les premiers obus tombent sur le cimetière du Montparnasse »

Ce cimetière, à la frontière sud de la ville, faisait partie d'une sorte de terrain vague comme le suggère les bâtiments ingrats de l'arrière-plan. Quelques décennies plus tard des artistes et des exilés russes s'y sont installés, car c'était encore moins cher que Montmartre (montré dans l'image ci-dessous). 

Comme des images antérieures de combattants et de rebelles, cette publication substitue les plebeians par des personnages avec lesquels son audience identifiera.

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Aggravant une situation déjà explosive, le gouvernement conservateur...

  • Nie que Metz ait capitulé sans combat (le 28 octobre) et publie des bulletins optimistes en lesquels personne ne croit. 
  • Oblige un agriculteur qui apporte un grand troupeau et de nombreuses provisions en prévision du siège, de régler une douane importante immédiatement, refusant une reconnaissance de dette. 
  • Interdit de brûler les barrières en bois qui entourent les propriétés, malgré le froid. (On abat des arbres, mais le bois est vert.)
-- Remarques dans Mémoires d'un révolutionnaire, de juin 1848 à la Commune, par Gustave Lefrançais, 1886-1887

  • N'impose ni contrôles de prix ni rationnement cohérent. Il n'y a pas de rationnement dans le 13e particulièrement misérable jusqu'aux derniers jours du siège.
 -- Gérard Conte, Eléments d'histoire de la Commune dans le XIIIe arrondissement, 1989 

Les sources donnent d'autres exemples.

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Les autorités organisent des cantines pour les plus pauvres mais s'alignent avec les privilégiés, comme le montre le refus de laisser des personnes qui gèlent de froid utiliser des barrières de propriétés comme bois de chauffage.

La mortalité des pauvres quadruple. En Montmartre misérable,
un quart des nouveaux nés meurent.
-- Louise Michel

Montmartre vers 1900 / zoom

La souffrance renforce la résistance des Parisiens pauvres et petit-bourgeois...

Allégorie du siège de Paris de Ernest Meissonnier, 1870 / zoom

...mais les personnes aisées, relativement épargnées, 
prévoient dès décembre de bâtir une église pour expier les pêchés, disant l'impiété de la gauche responsable de la défaite.

Donc non seulement acceptent-ils la débâcle,  
mais ils l'utilisent pour blâmer leurs opposants 
 pendant que les combats continuent.

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