UN ASSASSINAT ET UN COUP D'ÉTAT EURENT LIEU À CETTE ENTRÉE
(EN 1617)
L'entrée est, palais du Louvre
Au cœur du drame, la solitude d'une orpheline
La future Marie de Médicis, fille du Grand Duc de Toscane, grandit dans le Florence des années 1580 avec un père qu'elle révérait, une belle-mère qu'elle détestait et aucun camarade.
Cet isolement explique l'influence d'une gamine plus âgée, que Marie adorait. Leonora Dori, la fille d'un menuisier, voyait en Marie la possibilité d'une vie meilleure.
Les conseils de Leonora ont contribué au mariage de Marie à Henri IV (en 1600). Mais elle perdit sa perspicacité en tombant amoureuse du séduisant Concino Concini, un aventurier de petite noblesse qui l'épousa pour sa proximité à Marie.
L'assassinat d'Henri IV laissa Louis XIII, huit ans, comme roi et Marie comme régente.
(En 1610)
- Une historiographie élitiste et misogyne crédite Concino comme éminence grise, le disant « intelligent » malgré son comportement absurde.*
*En quittant la reine il ajustait sa tenue pour faire croire à une liaison, il ne se découvrait pas en présence du jeune roi et se sont ses valets qui imitaient sa brutalité en battant un boulanger.
Concini, Leonora Galigai et Marie de Médicis, p. 148 / le web sans source, disparu
- Mais le pouvoir réel était celui de Leonora, justement parce que femme et servante : elle conseillait Marie comme elle avait toujours fait, en brossant ses cheveux quand elles étaient seules... .
Leonora : laide, hystérique et brillante, l'embellir la diminue.
Remarquez le regard (1614) /zoom Le portrait de gauche montre une femme inquiétante mais vigoureuse, celle de droite une jolie jeune dame. Les historiens publient l'image flatteuse et le poète Alfred de Vigny la dit « belle ».
-- La Maréchal d'Ancre, 1831
Elle demande des avantages pour Concini et des commissions pour elle-même, acquérant des bijoux, des œuvres d'art et cette résidence palatiale :
Maintenant le quartier général de la Garde républicaine (10 rue de Tournon, 6e), à quelques pas du palais du Luxembourg où habitait Marie.
- Les historiens la disent « corrompue », car ils voient la cour par leur regard moderne.
Leonora était un « favori », la personne la plus proche du roi, qui recevait ses cadeaux d'argent, de postes, d'honneurs etc. Les favoris étaient des nobles qui partageaient ces dons avec leur clans, qui les répartissaient à leurs clients. La pratique maintenait l'équilibre entre familles rivales, permettait un accès temporaire au pouvoir sans le risque d'une révolte et encourageait à rester à la cour pour intriguer.
Leonora défiait cette institution.*
Aucune étude n'adresse le fonctionnement du pouvoir.
# # # L'assassinat de Concini |
- Leonora sent la haine et implore Concini de repartir avec elle pour Florence, mais il veut « expérimenter jusqu'où la fortune pouvait le conduire ».
Et puisqu'elle l'aime...
- « J'ai fait l'enfant » dira Louis plus tard...
Maurice Loir dans Richelieu de Théodore Cahu, 1901
« Un autre jour, il se mit fort en colère contre les filles de la reine qui lui avait dérobé une linotte. Il roula un de ses canons devant leur porte et menaça de le tirer... »
- Quand Concini avance négligemment en avance de sa garde, les conspirateurs font tomber la grille du Louvre, « Au nom du roi, je vous arrête ! » dit le chef des sbires. « Que, me ? », s'exclame Concini, trop étonné pour s'exprimer en français.
Les hommes de main tirent sur lui et le tuent (le 24 avril 1617) :
Louis a fait seller un cheval pour s'enfuir si besoin, et prétend s'intéresser à un jeu de billards. Quand une clameur s'élève dans la cour il sait qu'il a gagné, monte sur le rebord d'une fenêtre et crie fameusement, « Enfin je suis roi ! »
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| Même texte |
- Les assassins déposent le cadavre dans l'église devant le Louvre.
Saint Germain l'Auxerrois était l'église royale. Ses vitraux, qui rendent hommage aux rois, sont méconnus et vous serez presque seul dans ce lieu splendide.
- Une foule le saisit et le pend au pont Neuf, où un soldat écossais arrache son cœur et, dit-on, le mange.
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Estampe anonyme/ zoom
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La troisième image ci-dessus
L'exécution de Leonora :
- Elle est condamnée comme sorcière* parce que, croyait-on, seule la magie noire pouvait expliquer le pouvoir d'une servante sur une reine... et parce que seul ce jugement permettait de saisir ses richesses.
*Les sorcières étaient brûlées, et les flames dans l'image ci-dessous montrent comment finira son corps. Mais en tant que noble (elle avait acheté son titre) Leonora était décapitée.
Gravure du XVIIe siècle, zoom
- Ses derniers mots : « Tant de monde pour voir une pauvre affligée mourir ! »
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La triste fin de Marie
- Elle est exilée. Richelieu qui l'accompagne n'oublie jamais la vue du cadavre mutilé de Concini, un avertissement de la rapidité par laquelle la puissance peut devenir désastre.
*Un allié de Concini, il est déchu avec lui.
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Texte cité ci-dessus
Son convoi va traverser le pont Neuf sur la route vers l'exile.
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- Il remplace Leonora comme conseil, aide Marie a retrouver un certain pouvoir et la trahit.
- Exilée de nouveau elle meurt presque sans resources. (À Cologne, en 1642)
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Un détail énigmatique
- À son retour au pouvoir (en 1621-1630), Marie engage Rubens pour peindre son histoire (en 1624-1626), dans une série où chaque détail est politique. En tant que membre important de sa suite Leonora devrait apparaître de façon évidente dans cette évocation de l'arrivée à Marseilles...
L'Arrivée de Marie de Médicis à Marseilles (niveau supérieur) de Rubens / zoom Elle arrive en France pour épouser Henri IV.
- Mais les femmes à gauche et à droite de Marie sont des membres de sa famille. Leonora est-elle le personnage derrière la reine et l'homme dont on voit le profile en arrière-plan est-il Concini ?
La plupart des figures dans la série ressemblent à leurs portraits, mais pas celles-ci :
Le souvenir de Leonora était trop explosive pour être évoquée ouvertement.
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L'intérêt plus large de cette histoire :
• Les récits peuvent omettre ce qui contredit leur point de vue.
• Croire que d'autres sociétés fonctionnent comme la nôtre rend impossible l'interprétation correcte de leurs événements.
• Imposer un favori venu de l'extérieur révèle le pouvoir croissant de la monarchie.
Suite,
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