LOUIS XIV* VEUT ÉLEVER LE RANG DE SA BÂTARDE EN LA MARIANT AU PRINCE SON COUSIN, MAIS NÉE D'UN DOUBLE ADULTÉRE* ELLE EST UNE MÉSALLIANCE
*Le « Roi-Soleil », actif 1660-1715: Les premières trente années de son règne sont l'époque où la culture classique française prend sa forme définitive, et un moment (après 1672) où la France domine l'Europe.
** Le roi et sa favorite, Madame de Montespan, étaient tout les deux mariés.
Le père du garçon, Philippe duc d'Orleans,* refuse cette union...
*Le frère cadet du roi et fondateur de la branche cadette Bourbon. Ses héritiers s'appellent tous « Philippe », évoquant Philip I du XI siècle, comme les descendants de la branche ainée se nomment « Louis », rappelant Louis IX (Saint Louis), du XIIIe.
Mais quand le roi lui offre le Palais-Royal en échange, il accepte.
(En 1692)
Philippe, futur duc d'Orléans et Marie-Françoise de Bourbon, Mademoiselle de Blois: Histoire et Secrets (l'histoire des enfants légitimés de Louis XIV, en ligne)
Le garçon de dix-neuf ans est intimidé par le roi et compte sur son père pour empêcher le mariage. Quand pris par surprise il accepte, sa mère, qui s'oppose au mariage mais qu'on ne consulte pas, le gifle devant la cour.
« Cela m'est égale qu'il m'aime, pourvu qu'il m'épouse », dit la jeune fille. À quatorze ans ce mariage faisait d'elle la deuxième dame de la cour, après sa belle-mère.
Il l'appellera « Madame Lucifer » et bien qu'ils ne s'entendent pas, auront huit enfants.
Ainsi le lieu devient la propriété des « Orléans », la branche Bourbon cadette. La cession contribuera à la chute de Louis XVI et beaucoup plus tard, à la fin de la monarchie elle-même.
Le Palais-Royal en 1739 / zoom |
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Louis-Philippe d'Orléans, l'arrière-petit-fils de Philippe hérite du site.
Louis-Philippe d'Orleans, duc Orléans de Antoine-François, fin XVIIIe siècle / zoom |
Il divise le jardin en lots à louer (en 1785), ce qui pour un noble est inouï :
- Leurs ressources honorables viennent de redevances paysannes, de postes administratives hérités ou octroyés par le roi, ou de ses cadeaux.
- Leur éducation est contraire aux connaissances pratiques que pour beaucoup de roturiers vont de soi : « À force de crisper les doigts sur la poignée d'une épée de parade, sur l'aiguille d'une tapisserie [...] on perd le sens du toucher, on ne sait plus palper un velours, reconnaître la graine de l'ivraie. »
-- Attitude attribuée à Leonora, la servante de Marie de Médicis devenue eminence grise,
dans La Galigaï de Eve de Castro, 1990
- La direction par des nobles des grandes sociétés d'État est due à la proximité au roi,* pas au talent en affaires.
*Tel le Marquis de la Faye, administrateur de la Compagnie des Indes, donc de l'ensemble du commerce colonial, après avoir été le secrétaire personnel de Louis XIV. (Sa culture se voit par le décor de son château : cliquez et déroulez la page).
- L'éthique de leur caste : l'honneur personnel, la distribution généreuse des richesses, le service au roi et la maîtrise de soi indispensable à la vie de cour — attitudes sans pertinence au succès en affaires.
La phrase actuelle « l'appât du gain » vient de la noblesse, ainsi qu'éviter de parler d'argent dans les conversations ordinaires et qu'à la fin d'un déjeuner d'affaires.
- S'engager dans le commerce fait perdre ses privilèges, dont l'accès aux postes les plus élevés, d'être jugé par ses pairs, d'être décapité et non pas pendu ou brûlé, de pouvoir acheter des articles de luxe défendus aux roturiers et d'être exempté d'impôts.
- L'inflation réduisant la valeur des redevances paysannes immuables, la plupart des nobles manquent de capitaux pour lancer une affaire même s'ils le souhaitent.
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L'incompatibilité des nobles avec
la société d'affaires que la Révolution annonce
explique la férocité de leur opposition.
Exceptions :
Des jeunes attirés par les idées nouvelles
et dont les héritages permettent
de s'adapter au capitalisme.
Le marquis de Lafayette et le duc d'Orléans
en sont des exemples.
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