« JE JOUIERAIS DES JOIES D'UNE VIE PRIVÉE, QUI N'EXISTE PAS POUR NOUS [LES ROYAUX], SI NOUS N'AVONS LE BON ESPRIT DE NOUS L'ASSURER »
-- Marie-Antoinette
« Ma mémoire m'a rappelé fidèlement tout le charme qu'une illusion si douce faisait entrevoir à la reine, dans un projet dont elle ne pénétrait ni l'impossibilité ni le danger. »
-- Madame Campan, sa première femme de chambre
La ferme de conte de fée où la reine s'éclipsait avec sa clique
Elle décrit de façon vivante les clans, les potins et les intrigues de la cour de Louis XVI, et explique comment Marie-Antoinette prit son désastreux chemin.
Passage au début de son mémoire
« Les gens sincèrement attachés à la reine ont toujours regardé comme un de ses premiers malheurs, peut-être même comme le plus grand [...] de n'avoir pas rencontré, dans la personne naturellement placée pour être son conseil, une personne indulgente, éclairée [...] qui aurait fait sentir à la jeune princesse qu'en France sa dignité tenait beaucoup aux usages [...] et surtout de garantir par un entourage imposant des traits mortels de la calomnie. »
-- Mémoires de Madame Campan, ed. 1988, pp. 52- 53, légèrement adapté
Marie-Antoinette, Archduchess of Austria, age 12, 1767-1768 / zoom
Elle refusa de suivre les codes de la Cour, surtout le fait qu'à part l'obligation de donner des enfants à la France le rôle des reines n'était que cérémonial. En devenant l'icône de la mode elle souligna Paris comme centre d'élégance, mais défia l'obligation de rester dans l'ombre.
Souvenirs de Léonard, coiffeur de la reine Marie-Antoinette / YouTube, zoom (déroulez la page) |
Pire, puisque Louis XVI n'avait pas d'ami intime, elle assuma involontairement le rôle de favori(te), la personne le plus proche du roi. Ces personnages étaient officiels, détestés — et presque indispensables :
- En tant que nobles, elles partageaient les dons du roi avec leurs clans, qui obtenaient ainsi l'accès temporaire au pouvoir sans risquer une révolte.
- L'institution évolua : la monarchie beaucoup plus puissante de Louis XIV rendait les révoltes impossibles, et les favorites d'origine roturière de Louis XV (Jeanne Poisson devenue marquise de Pompadour et Jeanne Bécu devenue comtesse du Barry) n'avaient pas de clan a favoriser.
Mais des clans s'improvisèrent autour ou contre elles, favorisant les luttes d'influence et les intrigues qui donnait souvent son sens à la vie de cour étouffante et extrêmement onéreuse.
Les favoris étaient aussi des paratonnerres dont l'extravagance concentrait la rage populaire sur eux-mêmes, laissant croire le roi bienveillant mais trompé.
# # #
Aussi, en choisissant un petit nombre de proches dans une cour hiérarchique où la proximité aux royaux déterminait l'identité, elle s'attira des ennemis puissants.*
*Louis XV avait déjà brisé les règles quand sa favorite, la Marquise de Pompadour, organisa et joua des comédies où seuls quelques privilégiés étaient invités. L'innovation a été rapidement annulée sous prétexte de leur coût, mais en fait à cause de l'hostilité de courtisans exclus.
-- La Reine et la favorite de Simone Bertière, 2000, pp. 347-354
Les dames qui se sont succédées comme meilleur amie de la reine étaient désintéressées...
Une aïeul de la famille royale de Monaco
Madame Campan dit de la comtesse de Polignac, "J'ai toujours cru que sa sincère attachement à la reine, autant que son goût pour la simplicité, lui faisait éviter tout ce qui pouvait faire croire à la richesse d'une favorite. Elle n'avait aucun des défauts qui accompagnent presque toujours ce titre." Ce qui n'était pas le cas de son clan.
La princesse de Lamballe, revenue d'Angleterre pour être près de reine quand son destin assombrit, a en été massacrée (à suivre).
Mais les faveurs qu'elles monopolisaient et la clique qui les entourait sont à l'origine de la tragédie.
# # #
« Qu'ils mangent de la brioche » est un des « faits alternatifs »
diffusés du Palais-Royal mais nés à Versailles...*
*Tel le pornographique Vie de Marie-Antoinette qu'on peut lire sur le web.
Marie-Antoinette de Sophie Coppola avec Kristen Dunst, 2006 / stream |
Et qui restent : « Barack Antoinette », une journaliste nomma Obama pour fustiger une fête.
-- Maureen Dowd commentant la célébration de son 60e anniversaire dans le New York Times
# # #
L'inconscience de Marie-Antoinette
est une raison majeure pour la fin de cette royauté.
« Les Parisiens se seraient très probablement repris d'amour pour le Roi [après la fuite à Varennes, à suivre]. Ils avaient eu de tout temps un faible pour le gros homme qui n'était nullement méchant, et qui, dans son embonpoint, avait un air de bonhommie béate et paterne, tout à fait au gré de la foule. [...] Les dames de la halle l'appelaient un bon papa ; c'était toute la pensée du peuple. »
--Michelet, p.77
* * *
Suite,
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire