samedi 16 janvier 2016

UNE TÊTE D'OISEAU SE MONTRE À LA HAUTEUR

  

SON COURAGE FACE A UNE FOULE VOULANT LA TUER CONTREDIT SON IMAGE FRIVOLE

-- Michelet, républicain ardent, ne le dit pas mais c'est ce qui ressort de son récit (et de ceux qui suivent) ; pp. 51-59.

Le 5 octobre 1789 7-8,000 femmes saisissent des armes à l'Hôtel de Ville et marchent sur Versailles, pour demander du blé et ramener le roi à Paris.

La Fuite à Passy, estampe célèbre (Passy est une banlieue prospère sur la route de Versailles) / zoom

Des militantes menacent de couper les cheveux des femmes qui ne les rejoignent pas.

« La cause réelle, certaine, pour les femmes, pour la foule la plus misérable, ne fut autre que la faim. Ayant démonté un cavalier, à Versailles, ils tuèrent, mangèrent le cheval un peu près cru. 

[...] Les hommes auraient-ils marché sur Versailles, si les femmes n'eussent précédé ? Cela est douteux. Personnes avant elles n'eut l'idée d'aller chercher le Roi. »

Michelet sur l'engagement des femmes :
« Les grandes misères sont féroces, 
elles frappent plutôt les faibles. » 

Résumé : Elles étaient plus sujettes à la faim que les hommes, car plus isolées, avec des enfants qui pleuraient et mourraient ou des couturières travaillant seules. (Michelet ne mentionne pas les lavandières, dont le travail était sociable.) Pas toutes les militantes étaient sujettes à la faim, telles les marchandes des halles et les prostituées, mais elles étaient entourées de misère.

Faire revenir le roi à Paris :

« Le Roi doit vivre avec son peuple, voir ses souffrances, en souffrir, faire avec lui même ménage. [...] Si la Royauté n'est pas tyrannie, il faut qu'il y ait mariage, qu'il y ait communauté [...] N'était-ce pas une chose étrange et dénaturée, propre à sécher le cœur des rois, que de les tenir dans cette solitude égoïste, avec un peuple artificiel de mendiants dorés pour leur faire oublier le peuple ? Comment s'étonner qu'ils soient devenus, ces rois, étrangers, durs et barbares ? »  
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La marche était beaucoup plus dure que ne montre le film, car elle eut lieu par une froide journée d'octobre sous la pluie et dans la boue.  
  • L'agitation était profonde, mais la marche spontanée. Une femme saisit un tambour et avança par la ville en le battant...

 Cette photo et les prochaines viennent de La Révolution française de Robert Enrico1989 
L'enfant est imaginaire, mais l'entraînant appel du tambour était réel.

  • Les milliers de femmes et plusieurs centaines d'hommes habillés en femmes arrivent à Versailles vers 16h. La Garde nationale conduite par Lafayette et une foule d'hommes les rejoignent quelques heures plus tard.

Internet, source non nommée
Plusieurs centaines d'hommes déguisés en femmes sont sensés les avoir rejoint.  
  • Le roi accepte d'envoyer de la graine à Paris et de signer la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Pour vivre à Paris, il dit qu'il y réfléchira.
  • Les Parisiens passent la nuit dans la cour immense :

Lafayette, qui est responsable pour la sécurité du roi, croit que tout va bien, se couche et ne se réveille qu'après que la foule ait pris le palais d'assaut : on le nommera « le général Morphée ».

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Le 6 octobre à l'aube, la foule perce la grille et cherche la reine pour la tuer :




  • Des femmes de chambre ferment la porte à clé et l'aident à enfiler une robe :

Cette photo et celles qui suivent : Marie-Antoinette de Jean Delannoy avec Michèle Morgan, 1956

Elles prennent un passage secret qui conduit aux appartements du roi, mais il est parti les chercher. Elles courent à sa recherche. Une porte est fermée à clé : les domestiques n'entendent leurs frappes affolées qu'après cinq minutes.


  • Deux gardes qui tentent de protéger la reine sont tués :

     
« Massacre d'un Garde du Corps à la porte de l'appartement de la Reine, par des brigands », estampe de Jean-François Janinent / zoom


  • La reine et les femmes de chambre enfin rejoignent le roi, les enfants, leur gouvernante et Lafayette dans le salon qui surplombe la cour d'entrée :

     Le Général Lafayette conseil le roi et la reine le 6 octobre 1789  de Jean-Frédéric Shall, avant 1825 / zoom


  • Le roi refuse de laisser ses troupes tirer sur la foule et tente de lui parler...



  • Mais elle exige la reine qui vient sur le balcon avec les enfants. On crie « sans enfants ! »

 « Marie-Antoinette »



Après le réveil terrifiant et la course éperdue à travers le palais,
Marie-Antoinette affronte calmement la multitude qui avait voulu la tuer :



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Le roi est obligé de s'installer à Paris. Il demande seulement que sa famille l'accompagne. « La voiture royale, escortée, Lafayette à la portière, avançait comme un cercueil. » 

  • La foule les entoure, en brandissant les têtes des gardes assassinés sur des pikes. La cour dans une centaine de carrosses :

   Zoom 
 L'Évasion de Louis XVI  de Viktor Lazarevski, 2013
« Au milieu de cette troupe de cannibales s'élevaient les deux têtes des gardes du corps massacrés. Les monstres, qui en faisaient un trophée, eurent l'atroce idée de vouloir forcer un perruquier à recoiffer les deux têtes et à mettre de la poudre sur les cheveux ensanglantés »...
-Mémoires de Madame Campan 
  • À Paris on danse dans la rue pour fêter les arrivées des sacs de grain et de la famille royale :

          Louis XVI entre à Paris, le 6 octobre 1789 de Jacques François Joseph Sweback, 1789 / zoom



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Si vous visitez le château de Versailles
vous traverserez la cour 
et passerez sous le balcon.


Pensez à la foule, aux gardes massacrés
et au courage de Marie-Antoinette.

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Suite,






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