jeudi 30 septembre 2021

II.1.2. SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS, HÉRITIER DU REMPART


« ILS TRAVERSÈRENT LA SEINE ET CHARLIE SENTIT L'ASPECT
SOUDAINEMENT PROVINCIALE DE LA RIVE GAUCHE »... 
-- Retour à Babylone de F. Scott Fitzgerald, 1931
Le passage où Fitzgerald quitte le quartier prospère autour de l'Hôtel Ritz
pour que Saint-Germain soit le cadre désorientant de la défaite du protagoniste.

MENU : 2.1.2. St-Germain : héritier du rempart 

La rive gauche a toujours été moins commerciale et plus intellectuelle que la droite, car loin de la principale voie de commerce elle était terre d'Église...

Crucifixion du Parlement de Paris, vers 1450 / zoom 
Le roi et le saint sont dans un champ de l'autre côté de la Seine et du Louvre, donc à Saint-Germain.

Et parce que l'enceinte la traversait.

Adapté d'un plan Google

Suites

    *    *    *

    Suite,






    mercredi 29 septembre 2021

    HORS-LA-LOI ET PROTESTANTS VIVENT HORS L'ENCEINTE


    MENDIANTS, VOLEURS ET MARGINAUX VIVENT HORS LES REMPARTS, OÙ LES AUTORITÉS NE SE RISQUENT PAS 

    Au XVIe siècle, des protestants les rejoignent.
    -- Une partie de ces informations sont dues à Pascal Payen-Appenzeller, 
    pasteur et historien de Paris

       Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, éd. de 1854
    Saint-Germain a du ressembler à cette cour des miracles

    Adapté d'un plan de Paris en 1615 / zoom

     

    • Ils chantent des psaumes dans les prés et la première rencontre de pasteurs a lieu dans cette « Petite Genève », référence à la république de Calvin.


    • Le protestantisme y continue malgré l'interdiction de Louis XIV (en 1684), pour ne pas heurter les Scandinaves dont les ambassades sont établis dans ce quartier.

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    Ces protestants sont une des raisons pour l'intellectualité de Saint-Germain :

    • La responsabilité personnelle pour le salut, leur croyance clé, implique méditer sur la Bible, donc pouvoir la lire, à une époque où l'imprimerie rendait les livres plus accessibles.

    • Ici un massacre interrompe un personnage dans sa lecture — hors une enceinte :

                Expulsion des protestants de Toulouse par Antoine Rivalz, vers 1725 zoom

     

    • La masse des protestants français sont des artisans, des boutiquiers et des avocats. Ces citadins sédentaires sont obligés de tenir des comptes et sont généralement lettrés.

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    Ils laissent à Paris la superbe Bibliothèque l'histoire du protestantisme 
    (Construite en 1877)


    Le portrait du premier chef militaire protestant (l'Amiral de Coligny) s'appuie contre des livres et un cours conduit par l'historien mentionné ci-dessus.  

    Photo par un parent du jeune garçon
    Le directeur montre des documents du XVIe siècle à des Allemands calvinistes, descendants de protestants français ayant fui le royaume après l'interdiction de leur foi. Parmi ces documents, la Bible d'Henri IV, qui a du abjurer sa croyance protestante.

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    Les résidents instruits attiraient 
    des éditeurs et des libraires,
     des marchands d'art contemporain
     pour lequel il faut une initiation, 
    des écrivains, des artistes... 

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    mardi 28 septembre 2021

    L'ÉGLISE ET LES ÉCOLES

     

    DES CATHOLIQUES AUSSI EXPLIQUENT L'INTELLECTUALITÉ, CAR L'ÉGLISE DOMINE LA RIVE GAUCHE 

    Hors l'enceinte et au nord du territoire protestant était la puissante abbaye de Saint-Germain :

    Zoom
    Son clocher, symbole du quartier

     Une salle de réunion au 4 place de Saint-Germain des Prés ; accès accordé par Monsieur Payen-Appenzeller

    De la côte ville de l'enceinte, la Sorbonne, où une grande partie du clergé européen est formé :

    Cours de théologie à la Sorbonne au XVe siècle

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    La Sorbonne reste au centre du système universitaire français
    et les écoles les plus prestigieuses du pays se concentrent à ses côtés :


    • Le Lycée Saint-Louis, fondé par des jésuites au XVIe siècle pour former les fils de l'élite, est de l'autre côte du boulevard. Les Écoles de Médecine et de Droit sont à quelques pas. 

    • À cinq minutes, l'École Normale Supérieur, l'École des Sciences Politiques, la Faculté de Jussieu et le Collège de France.

    • L'École Polytechnique et l'École Centrale s'y trouvaient avant d'être transférées en banlieue (en 1964 et 2015 respectivement).



    L'arrêt de bus en face de la Sorbonne
    s'appelle Les Écoles.

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    dimanche 26 septembre 2021

    LES INTELLECTUELS, LES CAFÉS, L'OCCUPATION


    LIBRAIRES, ÉDITEURS, ÉCRIVAINS, ÉTUDIANTS, ARTISTES, PROFESSEURS, GALERISTES, CINÉASTES (...) SE RENCONTRAIENT DANS LES NOMBREUX CAFÉS

    On pouvaient y téléphoner et rester indéfiniment pour le prix d'une seule consommation. 

    Adapté d'un plan Google

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    Pendant les hivers de l'Occupation qu'ils soient chauffés (à peu près) rendaient les cafés essentiels. Ci-dessous est une rare photo où on voit des officiers allemands sur une terrasse de café en été.


    Je n'en connait pas prise de l'intérieur et au café Flore, sur le boulevard Saint-Germain en face du clocher de l'Abbaye, il ne pourrait pas en avoir. La philosophe et romancière Simone de Beauvoir explique pourquoi :


    L'hiver [de 1942] fut rude....

    Il n'était pas question de travailler dans l'humidité glaciale de ma chambre. Au Flore, il ne faisait pas froid, les lampes à acétylène donnaient un peu de lumière quand les ampoules s'éteignaient. C'est alors que nous primes l'habitude de nous établir pendant nos heures libres. Nous y trouvions pas seulement un relatif confort [...] : nous nous sentions chez nous, à l'abri.

    [...] je m'efforçais d'arriver dés l'ouverture pour occuper la meilleure place, celle où il faisait le plus chaud, à côté du tuyau de la poêle. [...] 

    Un certain nombre d'habitués s'installaient comme moi devant les tables de marbre pour lire et travailler. [...] 

    Tous les jours, vers dix heures du matin, 
    deux journalistes s'asseyaient côte à côte 
    sur la banquette du fond et déployaient Le Matin
     [un journal collaborationniste]. 

    Ils commentaient les événements, d'un air désabusé [...] « Au train où vont les choses, jamais on ne sera débarrassé de ces youtres ! » [...] Je ne détestait pas les entendre ; il y avait dans leurs visages, dans leurs propos, quelque chose de si dérisoire que, pendant un instant, la collaboration, le fascisme, l'antisémitisme, m'apparaissaient comme une farce destinée à quelques simples d'esprit. Et puis, je me ravisais, avec stupeur ; ils pouvaient nuire, ils nuisaient [suit la mention de disparus]. 

    Personne ne frayaient avec ces deux collaborateurs, sauf un petit homme brun, aux cheveux frisés, qui se disait secrétaire de Laval [Premier Ministre sous le gouvernement collaborateur de Vichy].

    [...] Y eut-il d'autres mouches ? Au début de l'occupation, deux ou trois habitués du Flore furent arrêtés ; qui les avait donnés ? Nul ne l'a su. En tout cas, personne à présent ne conspirait plus à l'étourdie , et si quelques résistants menaient la vie de café, c'était pour s'en faire une façade. [...] 

    Dans l'ensemble, les clients du Flore étaient résolument hostiles au fascisme et à la collaboration, et ils ne s'en cachaient pas. Les occupants le savaient, sans doute, car ils n'y mettaient jamais les pieds. Une fois un jeune officier allemand poussa la porte et s'assit dans un coin avec un livre ; personne ne broncha, mais il dut sentir quelque chose car très vite il referma son livre, paya sa consommation et décampa.

    Peu à peu, au cours de la matinée,
     la salle se remplissait ;
     à l'heure de l'apéritif elle était comble.

    Picasso souriait à Dora Marr qui tenait en laisse un gros chien ; [...] Jacques Prévert discourait ; il y avait des discussions bruyantes à la table des cinéastes qui, depuis 1939, se retrouvaient là presque chaque jour. [...]

    Cependant, les deux journalistes continuaient à rêver tout haut l'extermination des juifs [...].

    On avait toujours un choc de plaisir, le soir, quand on émergeait des froides ténèbres pour entrer dans ce repaire tiède et illuminé, tapissé des belles couleurs rouges et bleues. La « famille » entière se retrouva parfois au Flore, mais éparpillée, selon nos principes à tous les coins de la salle. [par sécurité ?] [...]

    Malgré les restrictions et les alertes,
     nous retrouvions au Flore
     une reminiscence des années de paix ;
     mais la guerre s'insinua dans notre querencia.

    On nous dit un matin que Sonia venait d'être arrêtée [...]. Quelques jours plus tard, à l'aube, Bella dormait dans les bras du garçon qu'elle aimait quand la Gestapo frappa à leur porte et l'emmena [...] Nous étions encore très imparfaitement renseignés sur les camps, mais c'était terrifiant le silence dans lequel s'engouffra ces filles si gaies. Jausion et ses amis continuèrent à venir au Flore et à s'assoir aux mêmes places ; ils parlaient entre eux, avec une agitation un peu hagarde ; aucun signe n'indiquait, sur la banquette rouge, le gouffre qui s'était creusé à leur côté. C'est là ce qui me semblait le plus intolérable dans l'absence ; quelle ne fût exactement rien. Cependant les images de Bella, de la Tchèque blonde, ne s'effacèrent pas de ma mémoire : elles en signifiaient des milliers d'autres. L'espoir recommençait, mais je savais que plus jamais la fallacieuse innocence du passé ne ressusciterait.
    -- La force de l'âge II, ed.1960, pp. 606-612

    Zoom
    Simone de Beauvoir à cette époque






    vendredi 24 septembre 2021

    LA LIBÉRATION ET UN BREF ÂGE D'OR


    LA LIBÉRATION APPORTA L'EXISTENTIALISME AUSTÈRE* ET L'EXUBÉRANT BE-BOP, INTÉGRÉS DANS LA VIE DES CAFÉS

    *L'Homme est seul et doit choisir son chemin, idée qui correspond au choix entre Résistance et passivité.

    Images d'époque

    Juliette Gréco et Jean-Paul Sartre sont à droite. 

     À nos gloires du 6e arrondissement (partie supérieure) de Georges Patrix, 1951 / zoom

    Café de Flore, que Simone de Beauvoir décrit

     Video / zoom

    Juliette Gréco au boulevard Saint-Germain devant un café


    Le boogie joyeux


    En même temps


    « C'est complet ! »


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    Parmi les images et les livres mondialement connus

    Jean-Paul Sartre, Boris Vian, une amie et Simone de Beauvoir




    Boris Vian, écrivain et jazzman



    Albert Camus, écrivain et activiste




    La légende
    Symboles: le clocher de l'église et Gréco

    Des films


         Film sur les jeunes d'après-guerre, Rendez-vous de juillet de Jacques Becker, 1949


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    La renommée du quartier 
    mena à l'influx de touristes,
     accélérant la fin d'une fête 
    qui de toute façon était incompatible


    *     *    *

    Suite,