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vendredi 31 octobre 2014
V.1.1. DÉFAITE ET RÉVOLUTION
jeudi 30 octobre 2014
EFFETS D'UNE GUERRE VOULUE
LES DEUX ADVERSAIRES CROIENT EN UNE VICTOIRE RAPIDE QUI LES RENFORCERA CHEZ EUX
L'extrême droite du Second Empire veut contrer l'opposition libérale et Bismarck unir les états allemands autour de la Prusse.
(En juillet 1870)
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Allégorie du siège de Paris par Ernest Meissonnier, 1870 / zoom Vers le bouleversement |
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5.1.1.a. Effets d'une guerre voulue
lundi 27 octobre 2014
« À BERLIN ! »
CRIENT LES PARISIENS
Les Français sont immédiatement battus :
L'Infanterie prussienne repousse les cuirassiers français, le 6 août 1870, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis
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Pour qu'un drapeau français ne devienne pas une trophée, un général le déchire et donne les morceaux aux troupes.
Napoléon III se rend, Arte (chaîne de télévision franco-allemande), YouTube, 2006
Otto von Bismarck et Napoléon III après la bataille de Sedan en 1870 de Wilhelm Camphausen, 1871 / zoom
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Illustration dans Histoire de la Révolution de 1870 de Jules Claretie, 1872 -1875 |
« Une mer humaine emplissait la place de la Concorde. Paris ne s'attarda à s'inquiéter de Napoléon III, la République exista avant d'être proclamée. »
-- Louise Michel
L'Impératrice fuit, laissant son déjeuner sur la table.
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La division entre républicains « modérés » et progressistes apparaît immédiatement :
- Les nouveaux dirigeants disent « Gouvernement de Défense national » pour ne pas dire « République ».
- Ils n'organisent pas d'élections, malgré la demande populaire.
- Se souvenant des trahisons de 1830 et de Juin '48, en quelques heures des progressistes réclament des élections dans chaque arrondissement pour contrôler les maires et réunir les réclamations.*
*« Un médecin de Montmartre, E. Dupas, propose cette organisation en sautant sur une table. Dans une ambiance très influencée par la Révolution, cela a surement fait penser à l'appel aux armes de Camille Desmoulins . »
-- Lettre parue dans le journal du journal Rappel du 6 septembre,
cité dans Le Comité central républicain des vingt arrondissements de Paris
de Jean Dautry et Lucien Scheller, 1960,p. 13 / zoom
Le lendemain 4-500 militants établissent un Comité central comme contrepoids.
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Quand Bismark exige l'Alsace-Lorraine, une guerre qui n'avait concerné qu'un conflit dynastique espagnole devient une guerre pour la France :
-- Un récit particulièrement claire : Le siège de Paris de Pierre Dominique, 1932
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Karambolage, série télévisée franco-allemande, YouTube, 2020 |
Le paiement d'immenses réparations représentées par les pièces de monnaie sera oublié, mais la prise allemande de l'Alsace-Lorraine contribuera au déclenchement de la Première Guerre Mondiale.
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Zoom |
« Secours aux blessés. Quêtes dans les rues de Paris par certains bataillions de la garde nationale »
(Remarquez le défilé militaire)
« La Ville de Paris et ses environs montrant les fortifications françaises et les lignes prussiennes, 1871 » / zoom
- La faim
Musée Carnavalet
Le mot « queue » entre dans la langue anglaise : elle vient de reportages décrivant les pauvres attendant les provisions des cantines municipales pendant des heures dans le froid glaciale.
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Abattage d'un éléphant, gravure anonyme, 1870 / zoom |
Ceux qui en ont les moyens fréquentent le marché noir et mangent les animaux du zoo. Une femme du monde offre à 22 invités de la viande d'antilope, du jambon et de la dinde.
-- Georges Valance, Thiers
- Le froid: l'hiver 1870-1871 est un des plus sévères du siècle.
- Les bombardements commencent le 5 janvier et sont encore plus intenses le dernier jour :
Le Monde illustré, le 28, 1871 / zoom
« Les habitants de la rive gauche s'installent dans leurs caves. »
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Aggravant une situation déjà explosive, le gouvernement conservateur...
- Nie que Metz ait capitulé sans combat (le 28 octobre) et publie des bulletins optimistes en lesquels personne ne croit.
- Oblige un agriculteur qui apporte un grand troupeau et de nombreuses provisions en prévision du siège, de régler une douane importante immédiatement, refusant une reconnaissance de dette.
- Interdit de brûler les barrières en bois qui entourent les propriétés, malgré le froid. (On abat des arbres, mais le bois est vert.)
-- Remarques dans Mémoires d'un révolutionnaire, de juin 1848 à la Commune, par Gustave Lefrançais, 1886-1887
- N'impose ni contrôles de prix ni rationnement cohérent. Il n'y a pas de rationnement dans le 13e particulièrement misérable jusqu'aux derniers jours du siège.
-- Gérard Conte, Eléments d'histoire de la Commune dans le XIIIe arrondissement, 1989
Les sources donnent d'autres exemples.
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Les autorités organisent des cantines pour les plus pauvres mais s'alignent avec les privilégiés, comme le montre le refus de laisser des personnes qui gèlent de froid utiliser des barrières de propriétés comme bois de chauffage.
La mortalité des pauvres quadruple. En Montmartre misérable,
un quart des nouveaux nés meurent.
-- Louise Michel
Montmartre vers 1900 / zoom
La souffrance renforce la résistance des Parisiens pauvres et petit-bourgeois mais les personnes aisées, relativement épargnées, prévoient dès décembre de bâtir une église pour expier les pêchés, disant l'impiété de la gauche responsable de la défaite.
Richard Nahem, Eye Prefer Paris
À suivre.
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dimanche 26 octobre 2014
HALLUCINATIONS D'UNE POPULATION ENFERMÉE
« LES PARISIENS AVAIENT RÊVÉ UNE FRANCE RÉGÉNÉRÉE, QUI D'UN VOL PUISSANT S'ÉLANCERAIT VERS LA LUMIÈRE » COMME AU MOMENT LE PLUS DRAMATIQUE DE LA RÉVOLUTION
-- Lissagary
Leur seule source d'information sont des pigeons voyageurs partis en ballon :
Départ de Gambetta sur le ballon le 7 octobre 1870 de Jacques Didier et Jules Guiard, sans date /zoom |
Le service est établit le 4 novembre, mais son coût limite son utilisation.
« L'Histoire de la guerre franco-allemande » par le colonel Rousset, 1911
La statue est de Jeanne d'Arc. Son épopée avait commencé à Orléans, rendant cette défaite plus amère encore.
De nombreuses victimes, trois jours et nuits dans le froid terrible, des blessés morts de froid : ayant subi ces épreuves, les soldats apprennent qu'Orléans est tombée. Le général français qui avait refusé d'attaquer quand il avait l'avantage est Aurelle de Paladines : la page qui suit en dit plus.
Libérer Paris de l'extérieur est devenu impossible.
Une ambulance. Trois blessés. Trois morts.
« Il y a, parmi tous les défenseurs de la République, un élan d’enthousiasme, d’audace, tout à fait comparable à celui de 1793. S’il y avait des Républicains [sociaux] à la tête de ce mouvement, nous pourrions, au bout de dix jours, proclamer à Berlin la République! »
-- Gustave Flourens, le très aimé commandant à Belleville
le 6 décembre 1870, cité dans Ma Commune de Paris
Ils s'inspirent de la Révolution...
- Quand « des paveurs, pieds nus, arrêtaient la brouette d'un colporteur qui offraient des chaussures à vendre, se cotisaient et achetaient quinze paires de souliers qu'ils envoyaient à la Convention pour nos soldats ».
-- Victor Hugo, Quatrevingt-treize
- Et des multitude de volontaires qui sans uniformes, expérience ou stratégie gagnaient des batailles en se précipitant vers les conscrits autrichiens envolés de force et maîtrisés par le combat en rangs, qui enfuyaient.
-- Eric Hobsbawm, L'ère des révolutions
La bataille de Jemappes, 6 novembre 1792 par Raymond Desvarreux-Larpenteur, 1913 / zoom
- Donc ils croyaient que 500,000 Parisians, armés, entraînés et ardemment motivés submergeraient les 200,000 Prussiens, qui n'étaient pas libres et qu'on obligeait de combattre.
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Les Parisiens exigent une « sortie torrentielle » mais...
- Les soldats allemands aussi avaient une raison pour se battre : continuez.
- La proximité des Prussiens empêche de les surprendre, grâce aux espions et au bruit : les Parisiens « sont si contents de se battre qu'ils nous le font savoir une heure en avance ».
-- Bismarck cité par Pierre Dominique
- Comment faire sortir ces masses de troupes par les portes de la ville ? Pendant la bataille de Buzenval, ci-dessous, un tiers resteront bloqués.
- S'ils réussissent à percer, pourront-ils forcer les Prussiens à quitter la France avec des guérillas comme seule aide ?
- Comment trouver des provisions dans un territoire déjà frappé par les réquisitions prussiennes ?
- Souhaitent-ils vraiment camper dans le froid terrible ?
La proclamation de l'Empire allemand à Versailles, le 28 janvier 1871 de Anton von Werner, 1885 / zoom
Proclamer l'Empire allemand dans la Galerie des Glaces,
une ode à Louis XIV et à ses guerres,
était une vengeance pour la dévastation volontaire
de l'Allemagne du sud-ouest par les troupes françaises.
(En 1672 et en 1688-1689)
Louis XIV traverse le Rhin en presence de ses ennemis, Galerie des Glaces, © Coproduction RMN – EPV, permission de reproduire à venir /zoom
Une version du tableau perdue pendant la Deuxième Guerre Mondiale incluait cette peinture.
La ruine infligée par les armées française,
qui alla beaucoup plus loin
que le pillage habituel des populations conquises
pour payer les troupes,
commença le cycle de vengeance entre l'Allemagne et la France :
Pour la propagande de Louis XIV
et la réponse d'un manuel scolaire allemand,
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( La deuxième bataille de Buzenval, le 19 janvier 1871)
Remarques faites au conseil de guerre :
- Clément-Thomas, qui sera bientôt le Commandant de la Garde et fervent républicain, parle « de quelques têtes chaudes qu'il faut refroidir. »
-- Pierre Dominique, 253
- Un autre général : « Ces clowns souhaitent qu'on leur souffle la tête. D'accord. »
--Tombs, Bivouac, 129.
-- D'autres témoignages, Ma Commune de Paris
Zoom |
L'attaque se dirige vers Versailles, quartier général des Prussiens, « défendu par une épaisse ceinture de tranchées, de bâtiments fortifiées, d'obstacles divers et de batteries. »
« Comme ceux qui la planifiait militairement le savaient bien, l'entreprise [...] n'avait [...] aucune chance de réussir. Mais elle prouverait à la Garde nationale [la milice : à suivre] et à la gauche qu'il n'y avait aucune panacée militaire. »
-- Tombs 128-9.
Bilan
- L'embouteillage des 90,000 soldats aux portes est tel qu'un tiers des troupes reste dans la ville.
- Morts : 600 Prussiens ; 4000 Français, dont au moins 1400 membres des milices.
- Les Prussiens détruisent la ville de Saint-Cloud et le château de Meudon en représailles.
- La station de métro Buzenval, dans le 20e arrondissement populaire, s'ouvre en 1933. Le nom montre l'intensité du souvenir de la bataille, même après les conflits infiniment plus sanglants de la Première Guerre Mondiale.
Pour ne pas signer la capitulation, le Commandant de Paris démissionne.
Le général Trochu « savait que l'armée ayant été éliminée, La défense de Paris n'était plus qu'une "héroïque folie".
Je crois que personne n'était en état en 1871 de sauver Paris et de gagner cette guerre. Trochu ne croyait pas lui-même à une percée qui libérerait Paris et il n'a pas poussé les sorties pour épargner des pertes déjà lourdes. D'où l'impression d'indécision. Et comme aucune armée de secours ne s'est même approché des arrières prussiennes, il a été un bouc émissaire. »
-- Marc Ambrose-Rendu,
historien militaire, communication personnelle
historien militaire, communication personnelle
Le général Joseph Vinoy, qui avait participé à la répression du coup d'état de Napoléon III, le remplace :
(La signature, le 28 janvier 1871)
Les Parisiens se croient trahis.
Douze années après la bataille de Buzenval
un hommage aux combattants est construit
au rond-point de Courbevoie,*
sur le chemin qui y avait conduit :
* À La Defense, maintenant le chef-lieu des multinationales
Statue, Louis-Ernest Barrias ; photo, Bernard Cerquiglini; commentaire, zoom
Le pigeon sur la tête de la déesse indique la taille de la statue.
« La ville de Paris vêtue d'une capote de garde national, la tête ceinte de sa couronne murale regarde au loin l'envahisseur, s'appuie sur un canon. Le visage est amaigri, sombre, menaçant. À ses pieds un garde national blessé s'efforce d'armer son fusil une dernière fois. »
-- Description officielle
Aucun membre important du gouvernement
n'est venu à l'inauguration,
probablement parce que beaucoup des présents
avaient combattu pour La Commune.
Des cris d'amnistier les communards déportés
interrompent les discours.
-- Ma Commune de Paris
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