IV.1.2. LES ÉTAPES DU CORTÈGE

MENU : 4.1.2. : Les étapes du cortège

L'ENTRÉE DE LOUIS XIV SOULIGNE LE POUVOIR DE LA MONARCHIE EN PASSANT DEVANT LES INNOVATIONS DE SON PÈRE ET GRAND-PÈRE

Henri IV (1585-1610), fondateur de la dynastie des Bourbons, accède au pouvoir après une génération de « guerres de religion », qui étaient plus profondément celles de forces dépassées contre des capitalistes naissants.*

*Histoire un autre regard explique ces facteurs ici et ici.

Henry IV entre à Paris le 24 mars 1594 par Francois Gérard / zoom

La ruine en arrière-plan indique la dévastation de la guerre.

Ses inventions urbaines soulignent le pouvoir. Elles sont la première... 

• Rue droite parisienne (la rue de Birague).

• Place royale (la place des Vosges).

• Étendue conçue pour attirer la foule (le pont Neuf).

• Statue profane, de lui-même à cheval.

Son fils, Louis XIII (1610-1643) met fin à l'indépendance des protestants et étend son pouvoir sur les provinces.

Louis XIII recevant les clés de La Rochelle, anonyme, 17th century / zoom

Il octroie le terrain pour une église dont l'architecture et le décor annoncent l'obéissance au roi essentiel au salut (première pierre, 1626). 

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 Le Doge de Gênes fait ses excuses à  Louis XIV le 15 mai 1685 par Claude-Guy Hallé, 1715 / zoom

• La façade et les cours du Louvre.

• Les Boulevards et les arches des portes Saint-Martin et Saint-Denis.

• L'ensemble qui culmine par le dôme des Invalides, conçu pour être son mausolée. 

• L'espace qui commence au Louvre et se fond dans l'horizon.

En bref

• La première rue droite parisienne et son premier point de mire 

• La place ancêtre de toutes 

• Les statues successives de la place des Vosges

• Une église transforme la voie vers le salut

• Une statue pour un pont

• Le roi au centre de son peuple

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Suite,

La première rue droite parisienne et son premier point de mire

LA PREMIÈRE RUE DROITE PARISIENNE ET SON PREMIER POINT DE MIRE

LA PREMIÈRE ÉTAPE : UNE RUE COURTE ET DROITE QUI CONDUIT LE REGARD VERS UNE STATUE DE ROI À CHEVAL  

Cette perspective mène à la statue de Louis XIII. Pourquoi pas Henri IV, sous lequel la place a été construite ? Les énigmes sont souvent révélatrices : cliquez, et pour celle-ci, continuez. 

La rue Royale conduit à la place Royale (rue de Birague et place des Vosges) 

L'espace qui conduit aux tombeaux des rois à Saint-Denis 

inspire cette première rue droite de Paris, 

et leur mausolée engendre ce premier point de mire.

De plus, 

la ligne droite symbolise la stabilité et l'ordre,

que les rois doivent garantir. 

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Suite,

La place ancêtre de toutes 

LA PLACE ANCÊTRE DE TOUTES

LA PLACE DES VOSGES, SYMBOLE DE MONARCHIE 

Toute important place parisienne copie ou adapte son dessin, 

comme le font un grand nombre de villes de province et de capitales étrangères.

 La place Royale en 1709 / zoom

À l'origine appelée place Royale, l'actuelle place des Vosges* est si aimablement grandiose que le New York Times** la choisit pour annoncer l'ouverture de l'Union Européenne après les confinements. 

*Le nom honore la première région à envoyer ses impôts au régime révolutionnaire (en 1791).

**Équivalent américain de « Le Monde ».

Numéro du 26 avril, 2021

Jusqu'alors les rares espaces ouverts (marchés, cimetières, le vide devant l'Hotel de Ville) apparaissent spontanément. Cette place est le première a être construite volontairement. 

(Début des travaux en 1605, inauguration en 1612)

Paris en 1530 / zoom

L'innovation se fait en périphérie avec son terrain disponible, d'autant plus qu'un palais y avait été démoli (par la veuve de Henri II après qu'il y meurt, en 1559).

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Elle symbolise la royauté affirmée :

Le Carrousel à la place Royale en 1612 de Matthäus Merian / zoom

 Inauguration (en 1612)

• La première rue droite conduit au « pavilion du roi » :

Cette photo et la suivante, Carolyn Ristau

La rue de Birague (ancienne rue Royale)

Henri IV au dessus de la porte d'entrée (ajouté à la Restauration).

• Le symbolisme de la place elle-même :

Zoom

• Un espace public vers lequel les rues convergent : le roi est au centre de tout.

 

• Les rues droites : le roi est garant de la stabilité et de l'ordre.

 

• Les façades homogènes : tous sont sujets du roi.

 

• Au centre un symbol de pouvoir : jusque la Révolution, une statue équestre du roi régnant.

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La statue n'apparaîtra qu'en 1643.

À suivre.

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Suite,

Les statues successives de la place des Vosges

LES STATUES SUCCESSIVES DE LA PLACE DES VOSGES

 

D'UN SYMBOLE D'AUTORITÉ À UNE ŒUVRE QU'UN TRONC D'ARBRE SOUTIENT  

Le dernier cadeau de Richelieu à Louis XIII est la statue qui orne la place, trente ans après sa construction:

(En 1643)

Zoom

• Faite de bronze, elle a été fondue à la Révolution pour faire des canons comme celles des quatre autres places (en août 1792) :

Zoom (please scroll down)

 

 Place des Victoires

La Garde nationale part pour l'armée par Léon Cogniet, 1836 / zoom

Au pont Neuf un drapeau remplace la statue (en septembre 1792).

Le bras étendu de la statue de Louis XV, place de la Concorde, 

est le seule élément qui reste intacte quand la statue s'écrase. 

On l'offre à un prisonnier embastillé par ce roi 

et libéré quand la Bastille est prise. 

-- Quatrevingt-treize par Victor Hugo, ed.1979, p. 153.

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La statue actuelle date de la Restauration.* Un tronc d'arbre empêche le cheval de s'effondrer :

*Une monarchie constitutionnelle dominée par les nobles (1815-1830).

Statue équestre de Louis XIII par Jean-Louis Cortot, années 1820.

 

Le défi au sculpteur : le cheval doit lever un sabot sans tomber.

• Les œuvres de Jean-Pierre Cortot sont conventionnelles mais compétentes. Celle-ci orne l'Arc de Triomphe : 

Zoom

• Le régime avait dépensé presque tout son budget pour la statue du pont Neuf (à suivre) et Cortot était obligé d'utiliser de la pierre plutôt que du bronze. Le poids plus lourd (une statue en bronze est faite d'un moule, dont l'intérieur est vide) rendait le travail plus difficile.

 -- Budget : Philippe Schmitt-Kummerlee, musée Carnavalet, communication personnelle 

• Un gouvernement qui n'offrait que « des messes et des bals masqués » (George Sand) à un public habitué à d'immenses victoires ou de terribles défaites, a vite paru ennuyeux. Cortot aurait pu insister sur des fonds adéquats, ou refuser le travail : le tronc d'arbre fait penser qu'il a accepté la commande que pour l'argent.

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Louis XVIII a dit de son rapport avec les Français, « Je suis comme les femmes qui ne sont pas très jolies, qu'on efforce d'aimer par devoir ».

-- Madame Royale de André Castelot, 1962 

La statue reflète la « pâle monarchie »

en laquelle le roi lui-même ne croyait pas assez

pour ériger un symbole convenable,

tandis que l'œuvre d'origine montre

une royauté en plein essor.

-- « Pâle monarchie » :

 René Chateaubriand, Mémoires d'outre tombe (1848)

*     *     *

Suite,

Une église transforme la voie vers le salut

UNE ÉGLISE TRANSFORME LA VOIE VERS LE SALUT

LA SUITE, UNE ÉGLISE OÙ LE ROI REMPLACE JÉSUS

(SAINT PAUL-SAINT LOUIS) 

La rapidité de sa construction montre son importance : Saint-Eustache, la dernière église « gothique » commencée presque un siècle plus tôt, n'est pas fini quand on lance ce chantier.  

(Saint-Eustache, 1532-1632 ; Saint-Louis, 1626-41 )

Adapté d'un plan de 1734 / zoom

      Vers 1830 / zoom

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Ses liens avec la monarchie : 

• Louis XIII octroie le terrain et vient avec la reine écouter le premier sermon, prêché par Richelieu. 

• Les cœurs embaumés de Louis XIII et Louis XIV y sont abrités jusqu'à la Révolution.

• Louis XIII est représenté deux fois, ici et à l'entrée (déroulez la page) :

• Napoléon ajoute « Saint-Paul » au nom « Saint-Louis », pour atténuer le lien avec la monarchie.  

Tous les rois français descendent de Saint Louis, un avantage stupéfiant. Mais la dynastie précédente (celle des Valois) ne s'y réfère pas, car elle n'a pas la force d'assumer un tel ancêtre.

Les rois Bourbons s'appellent toujours « Louis ». Souvent aussi, des femmes, des bâtards, des cousins : 

• Anne-Marie Louise, qui fait tirer sur les troupes royales.
• Louis-Antoine, l'aîné des fils légitimés de Louis XIV.
• Les fils de Louis XVI, Louis-Joseph et Louis-Charles. 
• Louis-Philippe, le chef de la branche cadette, qu'en tant qu'usurpateur Chateaubriand n'appelle que Philippe.

Le chef des Bourbons d'Espagne aujourd'hui est Louis XX. Ce prénom l'empêche de résider en France. 

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L'église marque la fin du gothique et le début du baroque.  Comparer Saint-Louis et Notre-Dame montre le lien entre les aspects matériels et le message :

• Le voisinage 

En se blottissant autour de la cathédrale, les maisons médiévales mettaient l'église au cœur de la communauté. Aligné sur la rue avec d'autres constructions, Saint-Louis est un bâtiment parmi d'autres. 

 Internet, image de synthèse 

• L'Éternité 

Pour voir Notre-Dame dans son ensemble on devait s'approcher de la façade et lever les yeux : alors elle se dressait au dessus de la vie quotidienne, un rappel d'immortalité. Pour ce faire à Saint-Louis, on risquait d'être écrasé (l'espace devant l'édifice dans la photo ci-dessus est moderne, construit pour éloigner les voitures).

 Zoom

Les vitraux médiévaux créent une lumière colorée qui se diffuse dans la pénombre, offrant un avant-goût de la vie éternelle. L'impression est beaucoup plus puissante sans électricité. Au XVIIe siècle, la lumière du jour met en valeur la grandeur mondaine. 

US Glass Magazine

• La Résurrection : 

L'entrée aux églises gothiques est à l'ouest, le chevet (le sanctuaire) à l'est ; on passe du soleil couchant et la mort au soleil levant et la résurrection. Mais Saint-Louis fait face au nord.

• Le ciel ou la terre ? 

Les flèches et le tours gothiques se lancent vers le ciel. Les dômes baroques joignent le ciel à la terre.

Claude Abron

• Le Jugement Dernier et le Salut

Le Jugement Dernier est sculpté au dessus du portail principal des églises gothiques et des multitudes, à l'origine peintes en couleurs vives, entourent Jésus. Tous sont invités à entrer et à être sauvés. Les vitraux à Notre-Dame ou des fresques continuent l'impression d'un peuple.

  Basilica di Santa Caterina d'Alessandria à Galatina, Italie / Ramsay Casadesus Rawson

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L'église concerne le monarque, pas Jésus.

• La multitude a disparu, l'austérité souligne le pouvoir et au sommet le roi (Saint Louis / Louis IX, vers 1250) est seul et porte une couronne et non pas une auréole.

     Carolyn Ristau 

                                  Carlton Perrett

• Ce tableau de Louis XIII est immédiatement visible en entrant dans la nef. Le crucifix et la Couronne d'épines devant lesquels il s'agenouille sont presque invisibles : 

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Pour les rois eux-mêmes, la proximité de Dieu conduit à la désolation.

Louis XIV trouvait ce rôle « délicieux », mais son père et ses successeurs en étaient submergés.   

Louis XIII se croyait complètement au dessous de la tâche, ce qui a contribué à son bégaiement et à sa mauvaise santé. Louis XV détestait l'existence publique qu'elle imposait et en s'y dérobant contribua au déclin de la monarchie. La bibliothèque de Louis XVI montre sa vocation de scientifique.

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Saint-Louis adopte le style de la Contre-Réforme à Rome et devient le modèle pour les nouvelles églises de l'époque :

Il Gésu, la maison mère des églises jésuites / zoom 

La première église baroque à Rome, commencée en 1574

 

      Saint-Thomas d'Aquin, première pierre 1632 ; Saint-Roch, 1653; Saint-Sulpice,1646

Sans éternité, sans Jugement Dernier,
avec un crucifix presque invisible

et un monarque à la place de Jésus,

l'église annonce que l'obéissance au roi

est essentiel au salut.

Ces églises expriment 

« L'Alliance du Trône et de l'Autel ».

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Suite,

Une statue pour un pont