CINQ MOINES DOMINICAINS ET SEPT AIDES LAÏQUES,
AUSSI MASSACRÉS PAR UNE FOULE HYSTÉRIQUE
Leur histoire est déformée puis effacée.
-- Les sources paraissent en fin de page.
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Le massacre des Dominicains d'Arcueil, 25 mai, montage Versaillais
Le récit
- Des moines dirigent un lycée à Arcueil, au delà des fortifications en allant vers Versailles. Ils connaissent le péril de cet emplacement et pourraient se retirer à la maison mère, mais restent pour secourir les blessés.*
*Pendant le siège, 1500 ; à l'époque de cette histoire, 20 blessés des deux bords et environ 300 élèves.
Adapté d'un plan des fortifications de Paris / zoom |
- La présence réelle d'espions et de traîtres* conduit à toutes sortes de rumeurs, même qu'un passage souterrain joint l'école à Versailles. Quand le toit d'un château à quelques pas prend feu, les communards croient que le moines l'ont allumé comme signal aux Versaillais. Le commandant du fort de Bicêtre vient enquêter. Bien que convaincu de l'innocence des moines, il les envoie avec leurs aides laïques, 20 personnes en tout, comme prisonniers à Bicêtre pour leur protection.
- Quand ce battalion se replie sur sa base du 13e, ils emmène les prisonniers, toujours pour leur protection. Gardes et moines semblent s'entendre : les moines ne tentent pas de s'échapper, avec une exception, bien que des témoins disent que cela aurait été facile (Vuillaume). Ils frappent sur la porte de la ville quand seuls les soldats sont admis, vers midi (Comte). Une foule terrifiée les entoure.
- Un obus tombe dans la cour, annonçant l'imminence de l'attaque. Une tête brûlée menace de fusiller les chefs communards s'ils n'exécutent pas les moines. Sérizier envoie les prisonniers au centre de détention à quelques pas. Le gardien est un proche et il les croit en sûreté. Il part se battre « à l'ouest. »
- Arrive un ordre verbal d'envoyer les religieux dans la rue. Le gardien demande un ordre écrit. Cet ordre arrive vers 16h et sera le dernier document communard du 13e. Les moines et leurs aides sont évincés et la foule les fusille.
- La version officielle substitue un peloton d'exécution pour la foule hystérique, comme quand La Commune éclata et comme les cinquante otages fusillés.
Du Camp, qui n'y était pas et ne cite pas sa source, dit Sérizier responsable, encouragé par une jolie fille. « Ce n'est pas de l'histoire que fait Maxime du Camp, c'est du roman », dit Vuillaume sur un autre sujet,* remarque qui s'applique ici.
*Note explicite, Deuxième cahier, « La rue Haxo », p. 101.
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Le bouc émissaire : Jean-Baptiste Sérizier, le fougueux corroyeur communiste commandant le Bataillon 101. Nous reviendrons à ces « démons ».
On l'a rendu responsable pour cette tragédie, ce qu'il nia avec véhémence. Mais plusieurs témoins à son procès ont dit l'avoir vu près de la prison au moment du drame et il est fusillé.
Les témoignages de l'ensemble des procès de Versailles sont contradictoires ou faux, dit Vuillaume, qui indique aussi les nombreuses erreurs de du Camp.
Comte cite les archives pour déclarer qu'au moment de la fusillade Sérizier se battait vers la place Jeanne d'Arc, à l'ouest.
« Tout l'horizon de Paris disparaissait derrière la fumée des incendies ; la canonnade était si brutale que la terre tremblait ».
-- Du Camp (qui ici parle de ce qu'il a vu, qui pouvait être n'importe où).
« Pourquoi ai-je tiré ? », dira un des tueurs trente ans plus tard. « Je me suis souvent demandé. Je n'y comprends rien.
C'est à croire que mon fusil me tenait... »
-- Rapport d'archives
Dévastés par sa défaite et terrifiée par l'approche de l'armée, ici aussi la horde se venge sur des personnes sans défense qu'elle suppose soutiennent ses monstrueux adversaires.
- Le site web de l'église proche (Sainte-Anne de la Butte-aux-Cailles), mentionne un « petit monument » en honneur des moines, qui a disparu. Le prêtre avec qui j'ai parlé ne le connaissait pas et malgré des murs vastes et vides, l'église n'abrite aucun souvenir de ces victimes.
La commémoration en arrière-plan concerne un curé de la paroisse.
Souvenons-nous donc nous-mêmes du Révérend Père Captier, des autres moines et de leurs aides laïques. Tous étaient dévoués, courageux et bons :
De gauche à droite : les pères Thomas Bouard, Louis-Raphael Captier, Constant Delorme, Henri Contraut, P.-M. Chatagneret
Leurs aides :
Professeur de maths, Louis-Eugène-Antoine Gauquelin ; surveillant, François-Hermand Volant, Infirmier : François-SébastienSiméon Dintroz ; Domestiques : Théodore Catala, Marie-Joseph Cheminal, Aimé Gros, Antoine Gézelin Marce, Germain-Joseph Petit (22 ans, ancien soldat a l'armée de la Loire).
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Sources
- Pro-Communard
Maxime Vuillaume, Les Dominicains dans « Mes Cahiers rouges », pp. 358-71, vers 1910. Les enquêtes scrupuleuses d'un journaliste communard rescapé évoquent des souvenirs, des témoignages et des documents. L'auteur connaissaient la plupart des individus dont il parle, et identifie chacun par une note en bas de page.
Gérard Conte, Éléments d'histoire de la Commune dans le 13e arrondissement, 1981, étude basée sur des documents d'archives.
- Anti-Communard (à lire sur le web)
L'Église catholique à Paris, Les Dominicains d'Arcueil, victimes de la Commune de Paris, juillet 1871.
Maxime du Camp, Les Convulsions of Paris : les prisons sous la Commune, 1879, La base de l'ensemble des récits conservateurs, par un homme décoré pour son rôle dans la répression de Juin. Sans mention de sources et selon Vuillaume, rempli d'erreurs : extrait.
- La bibliographie de Wikipedia n'inclut pas les textes de Comte ou de Vuillaume.
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Que l'Église ignore ces martyrs modernes
suggère que la droite sent toujours
le souvenir de La Commune comme menace.
* * *
Suite,
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